Après un décevant Pacific Rim qualifié de “film d’auteur” par son créateur lui-même et un Crimson Peak au final peu intéressant, l’homme derrière le fabuleux Labyrinthe de Pan est de retour avec un film s’annonçant plus prometteur que jamais : the Shape of Water.
Sorte de Belle et la Bête conté sous forme moderne où la belle fait place à une femme de ménage orpheline et muette tandis que la bête est jouée par une créature aquatique prisonnière d’un laboratoire au design rappelant celle de the Creature of the Black Lagoon. Le tout planté dans une société américaine plongée au cœur des 60’s et plus stéréotypée que jamais. Et c’est parfois ce qui est un peu dommageable dans ce film, c’est qu’il tombe vite dans la caricature de par les personnages qu’il met en scène et de par son scénario cousu de fil blanc et sentant un peu le déjà-vu. Cette sempiternelle ode à la différence a par moment un goût désagréable de réchauffé.
So go get some real decency, son. And unfuck this mess!
Néanmoins de par sa réalisation impeccable, son traitement de la photo et des couleurs ; le film offre un divertissement de qualité. Certaines scènes sont juste magistrales comme la scène d’amour dans la salle de bain transformée en aquarium géant pour l’occasion ou la bête plantée dans le cinéma face à des images le dépassant mais lui inspirant une émotion incompréhensible. Ces scènes sont fantastiques malheureusement elles ne se prolongent guère et sont trop rapidement coupées que pour qu'il puisse s’en dégager une réelle poésie. Et cette absence de poésie tend à diminuer le côté émotionnel que cette histoire devrait nous apporter. Et cela, c’est vraiment dommage.
What am I doing ? Interviewing the fucking help ? The shit cleaners ?
The piss wipers ?
La musique accompagne parfaitement le film de tout son long et offre un accompagnement permanent au visuel faisant partie intégrante de l’expérience !
Sally Hawkins est bluffante dans l’expression au-delà des mots. Privé de langage, deux êtres que tout oppose se retrouvent à se désirer d’une force insoutenable. Et si c’est bien rendu à l’écran, c’est parce que son jeu est très bon. Et arrive à créer cette émotion justement là où les scènes ne la développent pas assez ! Et c’est vraiment ce qui manque au film, c’est une narration plus marquante et mieux construire, sans doute un rien plus originale aussi que pour rendre cette incroyable histoire vraiment probante !
Bref, the Shape of Water est un excellent film magistralement interprété et dignement réalisé mais dont le montage peut décevoir portant trop son insistance sur des choses insignifiantes et ne laissant pas assez trainer la poésie de certaines scènes pour nous enivrer les sens… C’est dommage parce que cela fausse complètement le ressenti émotionnel du film et le rendant plat là où il aurait pu être terriblement marquant. Un essai réussi, mais qui aurait pu être autrement plus fort avec une narration différente.