“If I spoke about it, if I did, what would I tell you? I wonder”.
Et bien, pour aider Giles, je dirais que Del Toro nous embarque dans son univers peuplé de créatures et parsemé de faits historiques.
From space to water :
En plein contexte de Guerre Froide et de course à l'espace, le Bloc Ouest a pris du retard et a trouvé un "Asset" qui va permettre de rééquilibrer la balance et de prouver la supériorité du capitalisme. Une bestiole odieuse et criarde, considérée comme un dieu par les civilisations précolombiennes et amazoniennes, aux facultés d'adaptation extraordinaires a été découverte.
50 weird shades wetter :
C’est là qu’Eliza (Sally Hawkins) débarque, peu communicative (non verbale) et renfermée dans sa routine maniaco-dépressive. La princesse sans voix découvrira par hasard le bipède qui s’avère être un être vivant intelligent et sensible, seul à la voir telle qu’elle est.
Comme le dit Eliza, tout ce qu’elle a entrepris l’a menée à lui, comme un fleuve dans la mer. Dès cet instant, leur idylle s’exprime par une douce sensualité aqueuse et fluide malgré son mutisme.
C’est très élégant, des couleurs claires, vertes et bleues, qui évoquent sérénité et le calme qui règne dans l’océan. Parfaitement accompagné par la splendide bande originale, leur relation en est d’autant plus charmante. Phénomène assez étrange, car, si élégante soit cette scène, devant nos yeux, se déroulent des rapports zoophiles. Disons la Belle et la Bête, sans la patte de Disney.
Shaping my feeling about water :
A travers son imaginaire, Del Toro nous a montré sa vision de l’humain. Ce n’est pas un tableau aussi caliente que la cuisson des œufs d’Eliza.
L’humain est cruel, à l’image de Michael Shannon et de l’impitoyable Général Hoyt. Homophobe, raciste, destructeur. “The monster who tried to destroy it all”, ne serait-il pas du genre humain ?
Fort heureusement, des gens bons, sensibles et désireux de conserver la faune et la flore, subsistent. Sujet assez d’actualité quant à la préservation de nos ressources.
En effet, le vert et le bleu, qui renvoient à la nature, sont omniprésents dans le film. Cadillac, décors, costumes, et enfin, la créature se pare de ces couleurs fond marin. Je pense que cette relation sensuelle est un lien subtil avec les éléments. Comment aimer et protéger nos ressources. Je vais peut-être un peu loin dans la réflexion mais ça a du sens, non ?
Cela expliquerait aussi pourquoi il manque de forme sur les origines de la divinité, où nous ne voyons que la surface de l’iceberg.
Bref, tout ça pour finir là où cela a commencé et où ça devait finir, dans l’eau. Film étrange mais qui ne m’a pas laissé insensible, je n’ai pas bu la tasse, et après 2h mes mains ne sont pas fripées. Hâte de voir si Eliza va être acceptée parmi les poissons dans un second opus. 7/10