Team Fortress
On pourrait en refaire des caisses dans le genre, c'est le film qui a inspiré "Star Wars". OK, les deux paysans/voleurs ressemblent furieusement à R2PO. Oui, c'est à travers leurs yeux que l'histoire...
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le 19 oct. 2010
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La Forteresse cachée de Kurosawa est l'exemple parfait du film qui parvient à associer une aventure folle, déroutante, épique avec du grand cinéma intelligent. L'association entre le divertissement et l'art fonctionne à merveille.
On remarque à première vue que Kurosawa ne cède jamais à la facilité scénaristique en cela que La Forteresse cachée, même s'il se veut être plus léger que nombre de ses prédécesseurs dans sa filmographie, est tout de même parsemé d'éléments de réflexion tout à fait intéressants et pertinents sur la société du Japon médiéval au XVIe siècle.
C'est en considérant ces détails importants que l'on pourrait rapprocher ce film de celui de John Huston : L'homme qui voulut être roi. Non pas que les deux histoires sont similaires, mais plutôt que les deux histoires nous proposent à la fois d'être une aventure extraordinaire et un film qui peut susciter des réflexions, des émotions et toucher à de grands thèmes tout en étant traité avec légèreté. Par exemple, dans L'homme qui voulut être roi, on a le droit à des réflexions sur l'amitié, sur la volonté de posséder, etc. Dans La Forteresse cachée, on a des réflexions sur les principes que l'on se fixe, sur la différence de classes sociales qui a pour conséquences de produire des intentions différentes dans ce que l'on recherche, etc.
Tout cela pour expliquer que le spectateur n'est jamais pris pour un simple consommateur à qui on va pouvoir faire avaler du contenu moyen voire mauvais en partant du principe que "c'est léger donc ça passe". Ils sont donc la preuve que l'on peut faire de très grands films en maniant l'humour, le côté farfelu de certaines situations et tout cela en restant très intelligent.
Mais revenons-en plus particulièrement au film.
On voit dès les premières images toute la dureté, toute la difficulté et la cruauté qu'une vie d'un sans le sou suppose, et cela est admirablement bien représenté par ce duo de paysans, constamment obnubilés par l'or disparu. Kurosawa choisit volontairement de nous montrer ce duo comme étant profondément drôle depuis le départ à travers leurs dialogues et leur gestuelle si atypique, si représentative d'individus complètement paumés et démunis à l'intérieur d'un tel système.
Ces deux personnages sont touchants par la détresse de leur situation, mais Kurosawa parvient aussi d'une certaine façon à dédramatiser leur situation, et le spectateur finit emporté par le rire à de très nombreux moments. En réalité, c'est un coup de force majeur et c'est faussement simple à maîtriser pour être aussi bien réalisé que dans ce film.
C'est d'ailleurs par pur hasard dans leur aventure que nos personnages vont parvenir à réaliser leur quête initiale. Effectivement, ils finissent bien par être recherchés par les autorités qui ont compris leur stratagème, ce qui conduit ces dernières à les identifier comme deux hommes une femme et un homme parcourant ces terres sur des chevaux et transportant du bois. Sauf que premièrement, ils se font plus ou moins piquer leurs chevaux sans trop pouvoir se défendre, et deuxièmement, la princesse sauve une femme de son clan réduit à l'état de prostituée. Tout cela ne sera pas sans répercussion car ils vont avoir davantage de difficultés à être retrouvés.
On peut suggérer ici l'idée que Kurosawa montre que la bonté, l'empathie, la bienveillance peuvent conduire à des effets bénéfiques sans même que cela soit intentionné de la part de la personne. L'humour et la surprise sont suscités par les bons sentiments de nos héros traversant des terres hostiles pendant de très longues heures, et cela colle bien à la tonalité générale que le film a souhaité prendre depuis le début.
On retiendra également des séquences merveilleusement bien réalisées, notamment celles du début qui sont particulièrement impressionnantes avec toute cette foule qui se soulève contre l'autorité qui s'exerçait sur eux-mêmes. On peut également citer la scène du combat, qui jouit d'une mise en scène somptueuse, ce qui est toujours un régal pour les yeux avec cette gestion de la tension merveilleuse.
De façon générale, on retrouve évidemment la patte de Kurosawa dans chacune des scènes qui composent ce film.
Pour ce qui est des acteurs, on retrouve l'immense Toshiro Mifune, une nouvelle fois brillant du début jusqu'à la fin, qui nous montre toute l'étendue de sa palette d'interprétations possibles d'un personnage. Mais surtout, les personnages qui composent le duo de choc qui l'accompagne tout au long de cette quête sont particulièrement irréprochables dans leur jeu tant ils sont d'une justesse exemplaire dans leurs expressions faciales, dans leur timbre de voix, dans leur gestuelle afin de nous offrir des moments d'anthologie.
En résumé, on peut dire que l'on assiste ici à une histoire forte traitée avec légèreté, ce qui offre un magnifique renouvellement dans le cinéma de Kurosawa auquel je ne m'attendais pas du tout à assister. Ce film fut donc une très belle surprise, et confirme bien l'idée que ce réalisateur de génie est parvenu à toucher différents styles avec sa même habileté technique indéniable. Je le recommande évidemment mais je peux tout à fait comprendre qu'il déçoive certains tant il est particulier dans son traitement des personnages et de l'histoire.
Personnellement ça m'a beaucoup plu et j'aurai un immense plaisir à le revoir de nombreuses fois.
Il s'agit même pour moi de l'un des meilleurs films d'aventure de tous les temps.
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Créée
le 14 oct. 2020
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