The Keep est le film maudit, nanar fou et grandiloquent d’un cinéaste hautement reconnu et prestigieux : Michael Mann. Ce second film (après Le Solitaire) fut tourné en ridicule par la critique à sa sortie en 1984, avant de devenir culte, adulé pour ses qualités graphiques et ses essais »philosophiques » mais pas moins raillé et souvent tenu comme une simple bizarrerie notoire haute-en-couleur.


Série B sur l’avidité des hommes, elle met en scène une forteresse mystérieuse hantée par… une violente métaphore de l’effroyable nazisme. En effet, dans ce village des Carpates, les légions nazies vont réveiller une allégorie de l’horreur qu’ils ont engendrée, en la personne d’une créature bleutée.


OCNI relatif, le projet était voué à l’incompréhension. Présumé film de genre, c’est finalement un objet stylistique aux velléités métaphysiques confuses, avec une construction narrative bancale, des dialogues chancelants et beaucoup de naïveté dans les idées. Car où est la profondeur du sujet ? On pourra arguer que nous ne voyons pas la version originelle de trois heures, inconnue des spectateurs et jamais dévoilée par la faute de distributeurs négligents.


Dans tous les cas, La Forteresse Noire est puéril dans sa parabole du Mal absolu, piètrement manichéen (avec ses héros juifs comme boussole morale unique) ; par contre, il est pittoresque et charmant. La curiosité s’éveille devant ces éclairages et décors uniques, au son de ces musiques amphigouriques, puis bien sûr pour ces lieux magiques ou même face aux délires œdipiens de Mann.


Il aligne de longues séquences associant morceaux de bravoure et contemplation, le tout dans un climat lorgnant vers le psychédélique et la reconstitution cartoonesque (la genèse nazie, les disparitions brutales, l’action surréaliste), voir une tonalité (et même une iconographie finale) proche de l’heroic-fantasy. La Forteresse Noire a sa place, celle d’un phare dans le domaine de la fantaisie de SF kitsch, à l’instar de Zardoz par exemple.


https://zogarok.wordpress.com/2015/04/25/la-forteresse-noire/

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le 27 avr. 2015

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