Vol au-dessus d'un nid de coucou
J'hésitais à devenir officiellement fan de la râleuse et naïve Olivia de Havilland, je crois que c'est désormais le cas et c'est avec un immense plaisir. Sa bouille est irrésistible.
Olivia est schizophrène et ne reconnait pas son mari. Pour la soigner, on l'enferme dans un hôpital psychiatrique pour pouvoir la guérir. La maladie a ses hauts, ses bas, mais entourée de fous, elle aura bien du mal à s'en sortir, dans cet environnement si éloigné du sien et qu'elle ne comprend pas. Va-t-elle recouvrer la mémoire ou tombera-t-elle aux oubliettes, comme toutes ces âmes en peine perdues au beau milieu d'un no man's land éternel ?
Olivia de Havilland (L'Héritière) réalise une prestation exceptionnelle, elle mêle avec brio la paranoïa, la schizophrénie, les crises d'angoisse, les moments de lucidité et les pensées qui traversent son esprit et qui sont révélées au spectateur. Elle n'en fait jamais trop, assez "normale" pour être sincèrement attachante et "atteinte" pour être émouvante et inquiétante par moment. Le film multiplie les métaphores plus ou moins subtiles, joue beaucoup sur le son et la perte de repères. On y aborde les thèmes de la folie liée aux souvenirs, à la naissance, aux chocs, de la nécessité de certains traitements, des infirmières pas toujours très attentionnées, de la volonté de parler, de traiter les gens comme des humains et non du bétail. On sent une naissance, la naissance d'un début de thérapie bien plus efficace lorsqu'on s'évertue à aider chacun individuellement.
Une vraie perle que cette Fosse aux serpents, portée avec panache et profondeur par l'impressionnante Olivia. Un coup de projecteur incisif sur ces hôpitaux qui font la pluie et le beau temps dans les esprits embrumés. Une bribe de ce que peuvent être, à cette époque, les conditions plus qu'irraisonnables dans lesquelles sont parqués les malades. La réalisation est consciencieuse, pour un film qui l'est tout autant.