Le film part sur les chapeaux de roues de l'excellence en affichant les qualités de ses deux principaux protagonistes : une progression tranquille et sûre de sa force alliée à un jusqu'au boutisme peu commun. L'affrontement de ces deux figures de la justice et du crime organisé se déploie avec ampleur dans un décor marseillais bien rendu et une description du milieu minutieuse. Le film s'élargit même en dressant un état des lieux de la gangrène qui a proliféré jusqu'aux plus hauts sommets politiques.
Si l'action n'est pas en reste avec ses références assumées à Michael Mann et Martin Scorcese, il s'agit bien là, d'abord, de dresser le portrait en parallèle de Zampa et Michel dans ce qu'ils ont de plus intime : leur environnement et leur famille respective.
C'est d'autant plus dommage que dans le dernier tiers, Cédric Jimenez semble tomber en panne d'essence, comme ne sachant plus quoi faire de son sujet qu'il avait si brillamment porté jusqu'ici. Coïncidence, c'est à l'instant même où ses deux personnages s'éloignent l'un de l'autre. A partir de ce moment là, le film se déroule en mode mineur, jusqu'à une fin inéluctable et connue de tous. Le coup est passé pourtant si près !
Cependant, en l'état, La French reste un objet racé et classieux qui convoque tous les bons souvenirs d'un cinéma français révolu, à l'image de l'ancien logo de la Gaumont et de sa musique, devenu symbolique des visionnages de nos vieilles VHS usées des polars que nous connaissons tous par coeur.