"La French", film de gangsters à l'américaine, mais sans les américains !!!
"La French" est à la fois un film politique et un polar solide et exhaustif, qui parvient à captiver du début à la fin. Son aspect politique, particulièrement poignant dans son combat contre la drogue et la "French Connection", s’illustre en la personne du juge Michel, interprété par Jean Dujardin, juge qui tentera par tous les moyens de mettre fin au trafic de drogue à Marseille. Une lutte qui va, au fur et à mesure, tourner à l’obsession et déteindre sur le plan aussi bien professionnel, que familial. Son obstination à combattre le crime organisé dans le but de venir en aide aux jeunes et à rétablir la sécurité dans la ville (Michel, avant d’être nommé juge du grand banditisme, était juge pour jeunes ados), le mènera à sa mort. Le face à face entre Michel et Zampa ne se concrétise que plus tard où le juge s’égare de sa tâche principale, pour livrer une véritable guerre à l’encontre de la pègre marseillaise. Petit à petit, l’homme de loi s’enfonce de les méandres de la violence et du banditisme, révélant le véritable visage d’un Marseille pourri jusqu’à la moelle et corrompu jusque dans les commissariats de police. Le film bascule alors dans le polar "scorssesien", où l’approche politiquement correcte et sage du propos polysémique est écartée d’un revers de main, proposant une véritable déchéance de violence et une effervescence brute dans sa narration. La dualité entre les deux hommes de pouvoir passionne par son dilemme fatidique et sans retour, ébranlant la perspective d’un avenir optimiste. "La French" est avant tout un film sur la filière française et le réalisateur Jimenez arrive parfaitement à retranscrire l’aspect authentique du marché de la drogue, de son commerce, à travers d’épisodiques séquences. La mise en scène, très travaillée visuellement, apporte une nouveauté dimensionnelle et presque colossale au film. En effet, très fréquemment le réalisateur décide d’utiliser les grands moyens afin d’immerger le spectateur. Cédric Jimenez insuffle un certain dynamisme dans son montage à travers différentes techniques, comme par exemple les scènes intenses filmées principalement à l’épaule, ou bien de simples scènes de dialogue, elles, plus sobres mais plus belles, plus travaillées et étalonnées. L’interprétation est aussi à souligner : Jean Dujardin trouve ici un rôle d’une grande subtilité, bouleversant et drôle à la fois, très certainement son meilleur rôle depuis "The Artist"; Gilles Lelouch campe, lui, un gangster sensible et touchant terriblement charismatique, une composition différente de ce qu’on avait pu voir avant. "La French" prouve bien une nouvelle fois que le cinéma français sait faire de bon polar, et surtout sait proposer des films de qualité, qui n’ont pas à rougir de leur concurrent américain.