"La French", réalisé par Cédric Jimenez, avec le duo de choc formé par Jean Dujardin et Gilles Lellouche, est un très bon polar sombre, stylisé et parfaitement maîtrisé.
Régulièrement affichés comme les meilleurs amis dans tous leurs longs métrages, cette fois Jean Dujardin et Gilles Lellouche sont ennemis. Ces deux acteurs font, à mes yeux, une grosse partie du charme du film, ils savent passer sans difficultés de la comédie à la tragédie. Dujardin est d’ailleurs exceptionnel dans ce rôle dramatique. Quant à Gilles Lellouche, il a su comme à chaque fois s’immerger totalement dans son rôle. Dans les seconds rôles on trouve des membres de la bande du duo. Mélanie Doutey joue la femme de Zampa et Eric Collado l'un des membres de la French. On remarquera surtout Benoit Magimel dans un autre rôle de complice et Guillaume Gouix dans celui d'un des rares policiers digne de confiance. Enfin, Céline Salette incarne la femme du Juge Michel pour faire jouer la corde sensible du coté intime de sa vie. Un rôle un peu cliché qui est forcement la part la plus romancée de l'intrigue.
On a d’un point de vue cinématographique de superbes plans-séquences, des travellings, des cadres et des plans maîtrisés qui mettent en avant le ressenti du personnage et les scènes. Le montage est de qualité et au niveau visuel, ce film est très agréable à regarder. Le rythme, notamment la musique est très bien choisie, la bande originale du film nous met dès le début dans l’ambiance. Les moments de doute, de dépression, d’incompréhension qui traversent les différents protagonistes sont renforcés par la bande sonore.
Avec son deuxième long-métrage après "Aux yeux de tous" et son utilisation ambitieuse des caméras de surveillance, le réalisateur Cédric Jimenez signe une œuvre bien plus classique et grand public, sans ennui malgré un rythme plutôt lent. Les codes du genre sont respectés comme les trahisons, les morts violentes, la dénonciation de la corruption ou de la compromission des policiers. La reconstitution d’époque est réaliste, jusqu’aux détails dans les décors, les costumes, les moustaches et coupes de cheveux. Marseille est filmée de façon solaire, jusque dans les séquences les plus noires.