Marqué par le désespoir typique des 70's, sous ses airs de polar peu nerveux, Night moves cache un portrait d'homme construit avec minutie. A cette occasion, Arthur Penn déverse sur bobine une belle somme d'influences : du film d'enquête traditionnel, il initie son histoire, avant de l'assaisonner à la sauce néo-noire avec générosité. Le personnage de Gene Hackman, détective blasé typique du genre, devient alors le centre de toutes les attentions. Omniprésent dans le cadre, seul son point de vue permet de suivre l'histoire, ou d'en perdre le fil lorsque le détective se trompe de pistes.


Il est agréable d’assister à une œuvre dirigée par un auteur qui sait où il veut aller. Il est évident que ce qui intéresse Penn dans Night Moves tient d’avantage de l’étude de personnage, à travers celui incarné par Hackman, que du véritable film d’enquête. Rien de bien surprenant alors à ce que la résolution de cette dernière soit un peu embrumée, presque accessoire. L’important n’est pas l’arrivée au bout du chemin, mais l’état d’esprit du personnage lorsqu’il remet un coup de talon vers la prochaine séquence de sa vie.


En cela Night Moves sait être touchant. Gene Hackman apporte à Harry son charisme naturel et en délivre une composition très pertinente, dans la douceur et la tolérance. Inspirant d’emblée le respect, dans sa réaction vis-à-vis de sa femme qui le trompe d’abord, de cette adolescente perdue qui trouvera en lui une figure paternelle rassurante ensuite, il parvient aussi à émouvoir lorsqu’il confesse, un sourire de circonstance aux lèvres, les yeux fuyants, une rencontre manquée avec son père. Arthur Penn construit le personnage de telle façon, que régulièrement, l’enquête ne nous semble plus si importante.


Et pourtant, elle est toujours bien présente, en toile de fond. Traitée de façon un peu cavalière certes, mais toujours dans l’optique de redonner un coup de fouet à l’intrigue pour contraster avec l’errance psychologique des personnages. Penn se laisse même aller à finir son film en accélérant le métronome sans prévenir, lors d’un final assez rageur, marqué par un face à face terrifiant entre le détective et celui qu’il a cherché pendant tout le film, qui trouve dans son dépouillement sonore un impact surprenant.


En bref, Night Moves est un film transgenre très agréable, qui capte l’attention au moyen d’une enquête classique dans son fond, mais dont le déroulement atypique, focalisé sur la psychologie des personnages qui s’y rencontrent, fait tout l’intérêt. Il est également l’occasion de croiser à l’écran la toute jeune Melanie Griffith qui donnait déjà de sa personne alors qu’elle n’avait que 17 piges et un James Woods tout juste sorti de l’acné, dont le visage reconnaissable entre 1000 filait déjà la banane.




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oso
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le 3 sept. 2014

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