Irvin Rapper adapte à sa façon le roman "Majorie Morningstar", en déplaçant l'histoire à l'après-guerre et se concentrant vraiment sur la partie mélodrame. Il nous emmène dans les années 1950 suivre la jeune Marjorie Morgenstern qui rêve de devenir une star, symbolisé par sa rencontre et sa relation avec l'acteur et dramaturge Noel Aiman.
Aujourd'hui totalement tombé dans l'oubli malgré son casting prestigieux avec la belle Natalie Wood (dont c'est la présence qui m'a amené à le chercher et le voir) et Gene Kelly, "La fureur d'aimer" (traduction faussée et peu compréhensible) prend d'abord son temps pour présenter l'histoire et bien développer les personnages, leurs relations et les enjeux.
Rapper braque sa caméra sur le personnage de Marjorie, belle jeune femme coincée entre l'adolescence et l'âge adulte, devant faire des choix importants et l'on suit ses hésitations vis-à-vis du mariage, de ses amours, son envie de faire une carrière etc etc. Personnage bien écrit et intéressant, notamment grâce à la composition de Natalie Wood mais aussi par ses enjeux et les diverses péripéties qui vont lui arriver, car si certaines restent assez prévisibles, elles sont en générales bien amenés et certaines sont inattendues. Il n'oublie pas non plus quelques touches de légèretés qui ressortent parfois de ce drame, notamment à travers certains seconds rôles et celle de la monitrice qui propose à Marjorie de travailler au camp.
Mais "Majorie Morningstar" est loin d'être parfait. Malheureusement si la réalisation très classique de Irvin Rapper est un minimum efficace et se regarde avec de l'intérêt, il peine à retranscrire l'émotion des enjeux et des personnages et c'est bien là tout le problème lorsqu'on est devant un mélodrame. De plus, certains seconds rôles évoqués et mis en scène ne sont pas du tout approfondis et certains deviennent même assez lourds à l'image de l'oncle de Marjorie. Si ces défauts empêchent le film d'être vraiment mémorable, ce dernier n'en reste pas moins plaisant à suivre et notamment grâce à ses deux interprètes.
Dès sa première scène, Natalie Wood est éblouissante, ici dans un rôle qu'elle connaît à merveille et qu'elle a souvent eu dans sa carrière, de "Rebel without a cause" à "Propriété Interdite" en passant par "Splendor in the Grass", à savoir celle d'une jeune fille qui sort à peine de l'adolescence pour rentrer dans "le monde adulte" et devra faire face à des choix importants. Retranscrivant à merveille les enjeux de son personnage, elle est aussi belle qu'élégante et talentueuse. Face à elle, Gene Kelly est capable d'illuminer la scène par ses pas de danses et il impose son charisme et sa présence à ce marginal vivant à sa manière et loin des conventions de celle qu'il va aimer mais qui va se mettre à douter de ses choix, son talent et ses sentiments. A noter que la chanson qu'il interprète a été nommé à l'oscar.
Un film sympathique mais qui pêche par manque d'ambitions et de talents de la part du metteur en scène et des scénaristes pour vraiment faire ressortir l'émotion des personnages et enjeux. C'est dommage car la belle Natalie Wood est tout de même radieuse, tout comme le charme qui se dégage de cette production oubliée.