Avec La Fureur de Vaincre, son deuxième film, Bruce Lee devient une véritable étoile montante. Il ne tournera plus que deux films, dont un qu'il réalisera, avant son décès soudain. Et quand on voit La Fureur de Vaincre, on ne peut que déplorer son tragique destin...
Contrairement à La Fureur du Dragon, qui sortira l'année suivante, l'ambiance de La Fureur de Vaincre est plutôt sombre, et le personnage de Bruce Lee n'est ici pas aussi comique et insouciant que celui de son futur film. Il y a du meurtre, de la vengeance, de l'amour impossible... Bien qu'il s'agisse d'un film d'action, l'aspect dramatique n'est pas en reste.
J'ai l'impression de regarder ce film comme si j'évoluais dans un jeu-vidéo... Les défis se succèdent, de plus en plus difficiles, avec différents armements, et des boss... L'histoire est en soi captivante, mais les scènes de combats constituent vraiment le cœur du film, et tout ce qui fait son essence unique. Les chorégraphies sont sublimes, et la caméra adopte différents points de vue qui changent le ressenti du spectateur (vues d'ensemble pour rendre compte du nombre d'individus, vues subjectives qui s'alternent, gros plans sur le regard déterminé de Bruce Lee, ralentis pour contempler la violence des coups...).
Le film est extrêmement dynamique, et même si ce sont les scènes de combats qui priment, l'histoire est également captivante. Elle met en avant un héros/anti-héros, qui agit certes selon sa propre conception du bien, mais qui tabasse à mort des mecs à mains nues, avec une violence inouïe, sans aucune forme de pitié ou de remords. Par son statut d'exproprié et sa férocité, le personnage principal nous est présenté comme un véritable monstre, pourtant attachant. Il n'arrive pas à canaliser sa rage, il la subit, et il viendra même à bout d'un ennemi à terre implorant sa clémence.
Je dois admettre avoir versé ma larmichette à la fin du film ; la mort héroïque du personnage principal est si riche de sens... Dans de ce film déjà très intense, Lo Wei insère involontairement un instant d'émotion pure. Car oui, c'est le parallèle avec la mort déjà imminente de Bruce Lee, et les regrets qu'il exprime à travers un long regard, qui touchent profondément. Alors au sommet d'une carrière succincte, La Fureur de Vaincre présente déjà les adieux inconscients de Bruce Lee au monde du cinéma.
Incontournable des films d'arts-martiaux Hongkongais, La Fureur de Vaincre est riche d'émotions diverses, ce qui n'est pas banal dans ce genre de films, et alimente la légende de Bruce Lee, avec ses miaulements et bruitages nanardesques... Une merveille du genre.