Chasse à l'homme

J'ai souvent lu dans mes bouquins sur le genre western des analyses sur Henry Hathaway que je ne partage pas vraiment, c'est souvent le reflet d'une critique intellectuelle de gens qui dédaignent plus ou moins le western populaire ou la série B, et qui décrivent ce réalisateur comme un artisan consciencieux juste capable de signer des westerns de façon très adroite grâce à son savoir-faire. Je n'aime pas quand des écrivaillons malmènent ainsi des bons artisans soucieux du travail bien fait et dont la signature est un label de qualité et d'efficacité, car certes c'est pas Ford, Hawks ou Mann mais c'est un bon artisan. Que c'est pénible les gens qui ne savent pas se divertir sans prétention !
Ceci étant dit, ce western qui étrangement porte 2 titres originaux (soit From Hell to Texas, soit Man Hunt qui à mon goût semble mieux adapté), sans doute pour une histoire de studio, a du répondant et possède des qualités narratives, car c'est une sacrée bonne série B, croyez-moi. Il est d'une facture classique et respecte scrupuleusement les règles du genre, en abordant le thème le plus ressassé en western, à savoir la vengeance. Un pauvre gars se fait courser par une bande de fermiers rageurs, c'est une poursuite mouvementée, le rythme est infernal, et Hathaway vous boucle ça en 90 mn tout en développant un intéressant plaidoyer contre la violence.
Pas de vedette, le budget est cheap, on y trouve en vedette Don Murray qui avait été remarqué dans Bus Stop en attrapant Marilyn Monroe au lasso, il tournera une petite trentaine de films tout en alternant avec des prestations télévisées, notamment dans une série western que j'adorais dans les 70's : les Bannis (The Outcast). Hathaway a eu la bonne idée de l'entourer ici de vieilles gueules familières du western comme Chill Wills, R.G. Armstrong, Jay C. Flippen ou John Larch, et même le tout jeune Dennis Hopper.
Voici donc un solide western que je recommande, moins réussi à mon avis que d'autres de Hathaway, tels le Jardin du diable, l'Attaque de la malle-poste ou Nevada Smith, mais qui tout en n'ayant l'air de rien, sait divertir son public.