D'abord, il faut dire que j'aime beaucoup Yves Robert, ce qui n'étonnera surement pas les gens qui me suivent depuis un moment, puisque je ne peux qu'apprécier un type ayant pondu un film comme Alexandre le bienheureux; film ayant le bon goût de fustiger l'emploi imbécile que les crétins congénitaux de tous les horizons semblent tenir en très haute estime, et de plus en plus, ce qui ne manque jamais de m'emplir de la plus profonde perplexité (les trois quarts des boulots dans ce monde étant soit parfaitement inutiles, soit carrément dangereux pour la survie de notre espèce) . Mais en plus d'un sens certain des priorités, Monsieur Robert s'est fait une spécialité de l'enfance. D'abord avec La Guerre des boutons, et ensuite également à travers l'adaptation des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol au cinéma.
Bien qu'au départ, l'auteur et réalisateur se réservait la primeur de l'adaptation de son propre roman, ça ne s'est pas fait, et voilà Pagnol qui finit par donner son accord à Yves Robert qui lui avait déjà demandé de pouvoir adapter le texte au cinéma. Le projet mettra un temps considérable à se faire ralenti également par des soucis de santé du réalisateur à la moustache broussailleuse.
Lorsqu'il va mieux, Yves Robert se lance donc dans cette adaptation en deux films de La Gloire de mon père, du Château de ma mère et en partie du Temps des secrets; projet ambitieux s'il en est.
Evidemment Yves Robert s'en sort merveilleusement bien. C'est assez naturel pour une personne qui aura eu la nostalgie de l'enfance chevillée au corps tout au long de sa carrière.
La Gloire de mon père doit évidemment beaucoup à l'écriture de Pagnol, et on est forcément influencé dans l'appréciation du film par le texte de l'écrivain. Néanmoins, le travail d'adaptation se veut le plus fidèle possible au roman autobiographique de Pagnol, et est de ce fait une belle réussite.
D'abord à travers la voix off de Jean-Pierre Darras qui véhicule à travers sa voix à la fois le soleil de Provence et une forte nostalgie. Mais, l'ensemble du casting est impeccable avec surtout un excellent Philippe Caubère dans le rôle de Joseph Pagnol, mais le reste du casting est du même tenant que ce soit Nathalie Roussel incarnant Augustine avec la douceur et la fragilité qui convient au rôle, ou de manière plus étonnante, le casting des enfants qui sont vraiment très convaincants; ce qu'on sait particulièrement difficile au cinéma, la plupart des enfants jouant comme des ... enfants j'imagine... Mais toujours est-il que Julien Ciama incarne le jeune Marcel Pagnol avec une sobriété qui est tout à son honneur. Le reste du casting d'enfants n'est pas en reste.
La Gloire de mon père est un récit qui alterne entre scènes très drôles (essentiellement du à la plume de Pagnol) , récit d'apprentissage, et conte nostalgique d'un temps révolu dans lequel on aime se perdre nous aussi. A travers la caméra d'Yves Robert, nous arpentons avec Marcel le chemin des vacances en Provence, sous un ciel bleu d'où parfois émerge un nuage cherchant à se reposer quelques instants au sommet d'une colline, bercé par le bruit des cigales, et par moment, on pourrait jurer que l'on sent la sarriette et le thym émaner de notre écran, tant la restitution est réussie.
La Gloire de mon père est donc une bonne adaptation du récit autobiographique de Pagnol, par un Yves Robert qui y met un bout de son enfance à lui aussi, un bout de sa nostalgie, un petit bout de talent, et surtout énormément de cœur, ce qui fait toute la différence.
La Gloire de mon père est une balade bucolique et nostalgique manquant par moment d'un peu de force, diront les plus bougons d'entre nous, mais qui rattrape tout grâce à un investissement émotionnel de chaque instant de la part de l'équipe et du réalisateur.
Un film parfait pour débuter vos vacances à l'avance en compagnie de Pagnol et de la ribambelle de fantômes qui peuplent sa mémoire.