La Grande cuisine aimerait greffer la drôlerie et l’espièglerie de La Panthère rose au milieu de la gastronomie. Pas de chance pour lui, Ted Kotcheff n’est pas Blake Edwards, et le réalisateur de Rambo aborde la comédie avec la grâce d’un soldat balancé en pleine jungle vietnamienne : tout est d’une lourdeur incommensurable, là où faire rire exige un sens du rythme et de la précision que l’on retrouve identique dans l’art de la guerre – Rambo, toujours – ou l’art culinaire. Comment représenter la gastronomie sans une mise en scène raffinée et subtile qui dose ses effets, coupe ses scènes selon les proportions souhaitées, compose une forme esthétiquement belle et gourmande ? Ici, rien de tel : la mise en scène est utilitaire, la direction d’acteurs inexistante, l’écriture du scénario plutôt médiocre, en témoignent les nombreux sauts dans l’espace qui ne font jamais sens. Seule la partition musicale signée Henry Mancini apporte une malice bienvenue, la seule d’un long métrage que tout le monde semble avoir oublié, ce qui est plutôt une bonne chose.