L'Homme à Abattre

Auteur d’une très longue carrière allant de 1913 à 1964, Raoul Walsh connu ses plus belle heures de gloire avec Humphrey Bogart, à l'image de High Serra nous faisant suivre le retour aux affaires d’un gangster qui sort de huit ans de prisons.

1941 est d’ailleurs une année très importante pour Humphrey Bogart, il trouve enfin de vrais premiers rôles, d'abord avec High Serra puis évidemment Le Faucon Maltais, restant par la suite au sommet du cinéma Hollywoodien jusqu'à sa triste et précoce mort. C'est d'abord dans l’écriture que l'oeuvre de Raoul Walsh est brillante, que ce soit à travers le scénario mais surtout les personnages, ainsi que la vision de la société.

Rappelons que nous sommes en pleine époque du Code Hays et Walsh dresse le portrait d’un gangster sympathique et surtout humain, notamment vis-à-vis de la société souvent moraliste qu'il n’hésite pas à critiquer lui qui a une soif de liberté presque obsessionnelle. Le futur metteur en scène de L'Enfer est à Lui propose un subtil portrait, tout comme il étudie en profondeur la galerie de personnages l’entourant.

Il prend le temps pour étudier les personnages et surtout la façon dont ils vivent en communauté, puis le lien au sein du couple principal. L'atmosphère est de plus en plus sombre et prenante, notamment lorsque le destin fataliste des personnages s'accentue, avec quelques séquences mémorables à l'image du final. Walsh sait rendre les enjeux intenses, tout comme l'émotion est forte dans les moments adéquats

Il use d'une mise en scène assez moderne, et surtout il nous fait vivre l'oeuvre, qui est d'ailleurs sublimée par une jolie photographie en noir et blanc. Il utilise bien les décors ainsi que les paysages, à l'image du mont Whitney qui apparaît régulièrement puis qui ouvre et clôt le film. Les interprétations sont remarquables, Humphrey Bogart se fond à merveille derrière son rôle de gangster et nous montre une fois de plus l’étendue de ses talents, tandis que ses partenaires Ida Lupino et Joan Leslie sont superbes.

Raoul Walsh propose avec High Serra un grand film de gangsters, sublimant les personnages et le scénario pour proposer un saisissant et sombre portrait de la société portrait tout en sachant créer une tension forte ainsi qu'une émotion de plus en plus présente et intense.