Magnifique surprise et coup de coeur que ce film totalement méconnu de Richard Donner que je portais haut dans mon coeur pour son film La Malédiction, et qui maintenant le sera aussi pour ce film.

Le film commence comme un film Amblin, puis va doucement prendre une tonalité plus grave en évoquant la violence faites aux enfants au travers du personnage du beau-père. Mais c'est un film d'une grande finesse, car sans jamais excuser le comportement du père, Bobby va considérer le bonheur sa mère au-delà de tout. Il y a aussi cette promesse, celle de ne rien dire, afin de ne pas voir éclater la cellule familiale.

C'est un film aussi lumineux que sombre, qui m'a évoqué une sorte de mélange entre le cinéma de Spielberg et certains écrits de Stephen King, j'ai beaucoup pensé à Stand by me, mais aussi, et étrangement, à Ça pour la force évocatrice de l'enfance et le rapport avec la cruauté des adultes (et des autres enfants) et le décorum des années 60 (alors oui, il y a aussi une scène dans des canalisations et une tortue, mais ça n'a rien à voir). D'ailleurs je me dis que Donner aurait été un excellent choix pour adapter cet oeuvre de King, tant Ça pourrait constituer la somme de Radio Flyer et La Malédiction. Mais je m'égare...

Après je vois quelques petits défauts de script inhérents à la machinerie hollywoodienne :

peut-être qu'il n'y aurait pas dû y avoir ce faux suspense sur la non-mort du chien, peut-être que la dernière apparition et confrontation du beau-père sur la colline aux souhaits n'était pas utile, même si cela m'a donné l'idée que l'envol de Bobby signifiait sa mort ; bien que l'épilogue contre-carre cette idée. Mais cet épilogue qui ressemble à la fin d'un conte n'est-il pas un moyen pour le narrateur de tordre la réalité ? Honnêtement je ne pense pas, mais l'idée me plaît.

Mais le coeur l'emporte sur la raison pour le coup. J'ai d'ailleurs lu que le film a eu un premier développement difficile et que le script de David M. Evans a été remanié pour atténuer la violence initiale. Le scénariste s'est d'ailleurs vu confisqué la réalisation de son film après quelques jours de tournage. Toutes ces péripéties sont peut-être une bonne chose car il n'était pas nécessaire d'en faire un film trop démonstratif, et Richard Donner reste est un artisan plus confirmé à la tâche de la réalisation. Toutefois, je pense aussi que son scénariste (qui proposera un roman basé sur sa vision initiale du script du film) reste un des principaux piliers de ce film, avec les enfants (Elijah Wood et Joseph Mazzello) qui portent le film sur leurs épaules.

Au-delà de tout ça, le film est une magnifique ode à l'enfance, et sait aussi se montrer très drôle (les scènes des balles de golfs, de la recette magique qu'on croirait sortie de l'esprit malicieux de Roald Dahl), il y a également quelques petites incursions fantastiques (apparement, c'est un élément qui a aussi été atténué du script initial) car le film est vu au travers des yeux d'enfants et on sent quelque part l'héritage des Goonies. Il y a également un parti pris curieux de ne jamais montré clairement le visage du beau-père, toujours dans l'ombre.

Je terminerai en soulignant le travail lumineux de László Kovács à la photo et la musique d'Hans Zimmer du temps où il avait de l'inspiration.

C'est un film magnifique, j'en avais les yeux mouillés tout du long. Je vous encourage à le découvrir.

Ame-Stram-Gram
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le 4 juin 2023

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