Alors que la seconde guerre mondiale se profilait dangereusement à l'horizon, Jean Renoir revient ici sur le premier conflit avec un quasi-huis-clos avant tout humaniste, où ne nous parviennent que d'infimes échos des combats. S'affranchissant intelligemment des clichés et de tout jugement facile, Renoir s'attarde surtout sur la notion de devoir, de responsabilité et de sacrifice, démontrant que malgré la violence d'une guerre, il n'est pas impossible de faire preuve de bonté et de diplomatie, et que les hommes, quelque soit leur patrie, ont bien souvent plus en communs avec leurs adversaires qu'avec leurs semblables. Sans jamais oublier la gravité du propos, le cinéaste adopte un ton léger et qui réchauffe le coeur, une ambiance de franche camaraderie, bien loin de la violence graphique et psychologique habituellement de mise dans ce genre de film. Si l'on a tout à fait le droit d'être hermétique à ce cinéma d'entre deux guerres, il faut bien reconnaître que "La grande illusion" est un film important dans le cinéma français (et dans le cinéma tout court), ne serai-ce que pour l'intelligence de son propos, la beauté de son noir et blanc et l'interprétation exemplaire de ses comédiens.