La philosophie avec laquelle Renoir dirige sa critique de la première à la dernière scène est traitée avec subtilité, il ne porte pas d'endoctrinements, ni au niveau du message ni au niveau de la narration. Ca passe avec douceur d'une scène à l'autre, comme deux vers sont récités d'un poids à l'autre.. De la poésie ! Et sans le caractère évident de la poésie, mais plutôt avec sobriété, équilibre, et rigueur. Contrairement à la plupart des films de guerre qui traitent de la Première Guerre mondiale et de la Seconde Guerre mondiale, La Grande Illusion regarde les Allemands sans préjugés et sans intentions. Le film défend les valeurs de la France démocratique, mais montre en même temps une vision bienveillante de celles de l'Empire allemand. C'est un film dans lequel un personnage qualifie un autre de sale juif, et qui est pourtant loin d'être antisémite, un film de guerre dans lequel a peine quelque coups de feu sont tirés. L'illusion d'atteindre un monde sans frontières, sans guerres et sans perspectives de classes...