Critique illusoire

C’est le premier film que je vois de Noémie Lvovsky. En tant qu’actrice je l’ai toujours trouvé très juste (son rôle dans le dernier Guiraudie et son rôle dans Play m’ont beaucoup marqué). J’étais donc assez curieux de voir ses (potentiels) talents (confirmés) en tant que réalisatrice. Quelle joie de découvrir par surprise ce genre de petits bijoux cinématographiques, un poil original, avec 7ne vraie identité cinématographique.

« La Grande Magie » c’est l’histoire d’un homme qui se retrouve au cœur de la troupe d’un magicien après la disparition de cette dernière lors d’un des tours de magie de ce dernier. Les acteurs sont tous excellents Podalydès en tête et Judith Chemla lumineuse qui incarne parfaitement le style sentimental et musical que Lvovsky a donné à son film.

Parlons en de la musique au centre du film, écrite et composée par la réalisatrice et Feu ! Chatterton (et d’autres…). Le film est en partie une comédie musicale, les acteurs eux-mêmes chantent, cela m’a fait penser à Depardieu chante Barbara dans l’idée où quelqu'un qui à priori ne respecte pas les codes de l’industrie musicale se met au chant, et cela pour notre géant national avait donné quelque de vraiment doux, poétique et authentique. Exactement comme dans ce film. On sent une vraie sincérité dans cette partie musicale, les textes sont beaux. Mais surtout ces parties musicales retranscrivent parfaitement les relations entre les personnages. Les chorégraphies aussi sont très réussies. Ce n’est pas des moments où on sort du film ou des moments où le film prend une autre personnalité, une autre identité, c’est la parfaite continuité. (N’étant pas un grand expert de ce domaine je ne peux me limiter qu’à un banal) (c’est très réussi) (je suis limité) (je ne suis pas l’alpha et l’oméga de la critique cinéma) (bientôt)

Lvovsky c’est sur ce film une grande réalisatrice qui a mobiliser nombre formes d’arts au service de son film, qui a su ne pas les accumuler mais les lier, pour en faire une vraie œuvre de cinéma cohérente.

Quelque chose de plus personnel, j’ai beaucoup ressenti la notion d’absence et d’éphémère. Particulièrement avec le personnage de Rebecca Marder, jeune femme mourante qui ne pourra laisser que du regret, de la tristesse et une profonde absence (seul sentiment qui ne semble dans « l’illusion » dans ce film)

La notion d’illusion c’est ce qui irrigue tout ce film. L’illusion sociale, véritable graisse au coeur pour les personnages. Il s’aiment (Podalydès et Chemla) mais sont cloisonnés dans des attentes sociales qui pourrissent tout. Podalydès devient donc membre d’une troupe de magie ambulante. Quel autre médium que le cinéma pour parler de l’illusion de la vie, de cette société où tout n’est qu’argile qui glisse dès qu’on essaie de se saisir de ce qu’on pense tangible et concret. Cinéma magnifique monde du faux, les personnages, ce qu’ils nous disent, la lumière artificielle (souvent) le tout capté par une caméra qui ne saisit qu’une réalité composée et récompensée. Le temps au cinéma n’existe pas, comme ce temps qui ne semble plus exister dans le film. Quand les propos répondent parfaitement au médium utilisé, quand la forme épouse parfaitement le fond, c’est là qu’on touche l’essence du cinéma, c’est là que c’est beauté nous éclabousse.