Film de guerre impressionnant, La Grande Parade est également un mélodrame parfois bouleversant, aux images, en noir et blanc ou teintées, d’une grande beauté. S’il pourra sembler un peu long (près de deux heures trente), particulièrement dans sa première partie dont l’humour burlesque a tout de même assez vieilli, le film de King Vidor comporte de nombreuses séquences d’une très grande puissance émotionnelle: la scène de la séparation des amants, au milieu de la cohue du départ pour le front, lorsque Jim abandonne l’une de ses bottes à Mélisande, fait partie des grands moments du cinéma muet, tout comme la rencontre dans un trou d’obus avec un soldat allemand agonisant auquel Jim offre une dernière cigarette.
A la fin du film, le héros devenu invalide quitte son ancienne fiancée américaine pour retrouver en France celle qui ne l’a pas oublié. La minuscule silhouette claudicante du héros qui se détache à contre-jour au sommet d’une colline, les yeux pleins de larmes de Mélisande qui le reconnaît aussitôt, puis les retrouvailles des amants dans une nature soudainement idyllique signent le triomphe de l’amour sur la mort, la victoire de la poésie sur la trivialité. Un grand moment de cinéma pour conclure une œuvre qui se doit d’être redécouverte.

SteinerEric
9
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2022

Critique lue 38 fois

Eric Steiner

Écrit par

Critique lue 38 fois

D'autres avis sur La Grande Parade

La Grande Parade
Sergent_Pepper
8

Des sourires et des hommes

On l’avait déjà vu avec La Foule, Vidor aborde souvent ses récits par un angle social. Le générique du début de La Grande Parade scinde ainsi la ville en trois secteurs, qui représentent autant de...

le 1 juin 2018

14 j'aime

La Grande Parade
JimAriz
7

Critique de La Grande Parade par JimAriz

La Grande Parade est peut-être le plus gros succès du cinéma muet. La principale réussite du film vient de là, King Vidor nous raconte une magnifique histoire d'amour tout en évoquant la Première...

le 27 févr. 2014

8 j'aime

La Grande Parade
humta
10

L'amour en guerre

8 ans après la fin de la Grande Guerre des tranchées, 2 ans avant la sortie de la foule, King Vidor réalise cette fresque vibrante et humaniste d'un jeune homme oisif quittant son Amérique natale...

le 7 juin 2015

6 j'aime

5

Du même critique

Artemisia
SteinerEric
4

Escroquerie historique

L’idée était bonne de faire un film sur le destin très romanesque d’Artemisia Gentileschi, l’une des premières femmes peintres dont l’œuvre rencontra un grand succès à son époque puis traversa ...

le 10 sept. 2020

5 j'aime

Un vrai crime d'amour
SteinerEric
8

Roméo et Juliette à l'usine

A mi-chemin entre Rocco et ses frères pour la tragédie et La classe ouvrière va au paradis pour la satire, ce film tout en finesse figure parmi les plus belles réussites de Luigi Comencini qui prouve...

le 28 août 2020

5 j'aime

Peppermint frappé
SteinerEric
5

Maladroit mais pas inintéressant

Radiologue à Calanda, une petite ville de la province espagnole de Teruel, Julian n’a guère de contact social en dehors de son assistante Ana, une infirmière taciturne et timorée, à laquelle il...

le 2 août 2021

4 j'aime

1