Film de guerre impressionnant, La Grande Parade est également un mélodrame parfois bouleversant, aux images, en noir et blanc ou teintées, d’une grande beauté. S’il pourra sembler un peu long (près de deux heures trente), particulièrement dans sa première partie dont l’humour burlesque a tout de même assez vieilli, le film de King Vidor comporte de nombreuses séquences d’une très grande puissance émotionnelle: la scène de la séparation des amants, au milieu de la cohue du départ pour le front, lorsque Jim abandonne l’une de ses bottes à Mélisande, fait partie des grands moments du cinéma muet, tout comme la rencontre dans un trou d’obus avec un soldat allemand agonisant auquel Jim offre une dernière cigarette.
A la fin du film, le héros devenu invalide quitte son ancienne fiancée américaine pour retrouver en France celle qui ne l’a pas oublié. La minuscule silhouette claudicante du héros qui se détache à contre-jour au sommet d’une colline, les yeux pleins de larmes de Mélisande qui le reconnaît aussitôt, puis les retrouvailles des amants dans une nature soudainement idyllique signent le triomphe de l’amour sur la mort, la victoire de la poésie sur la trivialité. Un grand moment de cinéma pour conclure une œuvre qui se doit d’être redécouverte.