Le médecin :
-Vous pratiquez des sports violents ?
- Il m'arrive de contredire ma femme !
Je me garderai bien de noter cette œuvre,compte-tenu de son âge vénérable...Ce serait comme si on me demandait mon avis sur les caractéristiques de pilotage d'une voiture de la même époque..
Je l'ai d'ailleurs visionné avec l’œil de l'archéologue plus qu'avec celui du critique ou du spectateur ou du journaliste, en m'en tenant aux faits, non à l'intérêt du spectateur. Ce film a en effet une grande valeur patrimoniale...
Venons-en aux faits tout de suite : probablement attiré par le sport, André Hugon veut ici promouvoir le sport du rugby aux travers de cette équipe toulousaine... Ce sport va combler une de ses vedettes du ballon ovale puisqu'il va lui faire découvrir l'Amour....
Là où perso je n'aurai trouvé que bosses, bleus et luxation : il y a tromperie sur la marchandise et je détesterai à tout jamais ce pugilat, toute noble soit sa réputation. Je détesterai à tout jamais vu que je n'ai pas les mensurations non plus d'une armoire normande....
Mais j'admets qu'on puisse aimer, surtout dans le sud de l'hexagone...
Pour corser l'histoire, un joueur évincé va se venger mais jurer in fine de passer le reste de ses jours à racheter ses fautes.... Embrassons-nous Folleville !
Chapeau bas à André Hugon (1886-1960) qui a une impressionnante quantité de films au compteur, et qui s'avère le premier à avoir tourné un film parlant en français l'année suivant ce film-ci.
En étant bon public, on peut aimer cette grande passion pour son scénario, et tout autant pour ses défauts qui devaient être à la mode... Ah ce baiser amoureux sur les lèvres si artificiel ! On dirait que l'amoureux a peur d'être mordu par (et non pour) sa belle ! Comme au théâtre de l'époque, tout en simulation et déclamations visuelles... Quand on pense que le" X" lui allait montrait dans les années soixante la pénétration de sexes en gros-plans...
Et puis, la rénovation de cette pellicule est une prouesse et n'est donc pas fatigante à visionner, même si en préambule on prévient que les inter et sous-titres initiaux ont été perdus mais reconstitués... Comme toute la partition musicale, hélas ! Regardez plutôt sans entendre...
De la belle ouvrage. D'autant que ce film le mérite : Hugon ne s'est pas contenté de travail en studio et les extérieurs sont nombreux : piscine, stade, sports d'hiver... Ps pantouflard..
Il s'essaie même aux effets spéciaux : n'existait-il pas de travellings en 1928 ? Car franchement,
voir un rugbyman courir le ballon en main sur un tapis roulant donne envie de se rouler par terre de rire au-lieu d'admirer l'attaquant... Marrante aussi cette mode des bérets recouvrant la tête des hommes, pas très seyants...
Ce film avouons-le ne m'a pas passionné... mais transplanté dans un monde différent qui ne connaissait pas l'ubérisation... Un monde où l'homme n'était pas encore robotisé... Jusque quand va-t-il encore s'obstiner à courir après un ballon ? Et si vous sous trempiez dans cette ambiance 1928 que le cinéma parlant aller métamorphoser, mettant la plupart de ses vedettes du muet au chômage ainsi que les pianistes qui s'occupaient de l'illustration musicale dans les cinémas ?
Onze ans plus tard, personne ne le savait encore, la seconde guerre mondiale allait éclater...
TV5 Monde le 06.11.2023-