C'est une véritable tradition, tous les ans, dès la rentrée scolaire, les gamins de Longeverne et de Velrans se livrent une "guerre" sans merci. Toutefois, un beau jour le conflit va monter d'un ton. En effet les troupes de Longeverne dirigées de main de fer par le grand Lebrac, vont faire prisonnier un combattant de Velrans. L'humiliation sera terrible, il sera décidé de lui arracher ses boutons de vêtements et les lacets de chaussures afin que le gamin soit puni par ses parents. L'astuce fonctionne tellement bien que les petits combattants de Velran, emmenés par l'Aztec des Gués,décident d'appliquer le même principe. Chaque armée va se constituer un trésor de guerre avec tous les boutons récoltés. L'apothéose va éclater lorsque Lebrac, lui-même, sera fait prisonnier et devra affronter l'ire de ses parents, prêts également à en découdre, c'est le cas de le dire... La fureur et le déshonneur l'emportant sur la raison, les sanctions de ceux-ci seront tranchantes.
Cette oeuvre qui traverse les générations est tirée d'un roman de Louis Pergaud qui ,outre ses activités d'écrivain , exerça les fonction d'instituteur dans une école laïque du Doubs. En 1912, il publia "La guerre des boutons" et cette "aventure villageoise" inspira Yves Robert en 1962 qui eut l'idée d'adapter cette oeuvre au cinéma. Les producteurs furent réservés pour lancer ce film. Mal leur en prit car cette guerre fratricide obtint un succès considérable en France et à l' étranger.
Il faut dire qu'ils sont géniaux de naturel nos lascars et Yves Robert a su à la perfection nous faire revivre le climat de deux petits villages traumatisés par les activités des enfants. Ceux-ci enflamment les passions des adultes qui pour l'occasion prennent l'affaire plus au sérieux que leurs progénitures qui tous les ans règlent le compte des adversaires par tradition. Il s'agit en fait pour eux d'une grande compétition entre voisins où se mêlent le jeu et l'aventure. L'instituteur, pédagogue et plus enclin à manipuler la matière grise des enfants que nos braves villageois, s'en amuse et ramène ce "conflit" à de justes proportions. C'est ainsi que malgré cette lutte d'influence entre Lebrac et l'Aztec des Gués la fraternité l'emportera lors d'un triste hasard entre nos deux protagonistes.
Cette bataille que l'on revoit toujours avec autant de plaisir nous permet de "fondre" devant la gouaille de petit Gibus, Martin Lartigue, avec sa célèbre réplique qui ne figure d'ailleurs pas dans le roman: "si j'aurais su, j'aurais pas v'nu". C'est également l'occasion de revoir Jacques Dufilho, Jean Richard, Michel Galabru, Pierre Trabaud et le "magic" Pierre Tchernia. Les deux chefs de guerre André Treton et Michel Isella, nous font également passer une heure trente de bonheur au cœur de cette "grave affaire" pleine de poésie, de drôlerie et d'espièglerie emmenée par une marche entraînante du compositeur José Bergman.
Allez, ne gâchez pas votre plaisir et de temps en temps, réengagez-vous, repartez dans cette guerre somme toute bien pacifique afin d'y retrouver les souvenirs un peu jaunis de notre jeunesse avec l'instituteur en blouse grise entouré de ses élèves, leurs bérets vissés sur la tête.
EXTRAIT DU FILM :
http://www.youtube.com/watch?v=Ne30s-lIv_4