Si les voix suraiguës ou l’humour potache peuvent fatiguer (en particulier les oreilles), et en dehors des répliques bien connues propres à éveiller la nostalgie ; c’est dans le dernier segment que le film trouve, selon moi, son vrai intérêt. Ce dernier tiers touche au cœur car il ravive les blessures de toute une nation, blessures qui semblaient alors enfouies sous la fausse innocence jusque-là mise en images. Je fais bien entendu référence à la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement à la collaboration. On me rétorquera que le livre dont est tiré le film (Louis Pergaud, 1912) a été écrit avant la première guerre mondiale. C’est vrai. Mais la volonté d’ancrer le film dans un contexte d’après-guerre est manifeste : une affiche datant de 1961 est bien visible sur la porte de la salle de classe, et ce dès le début du film. Si la France que donne à voir Yves Robert, rurale et encore très paysanne, reste difficile à dater ; c’est bien un pays encore meurtri par la guerre qui est montré, encore marqué par son souvenir. Un souvenir si prégnant qu’il alimente les jeux des enfants, à plein temps.