Si j’avais su, si j’avais su. J’aurais pas venu. Mais j’avais pas su. Alors je suis venu. Le film qui va vous faire regretter les vacances, c’est icelui. C’est bon les vacances. Congés, RTT, préretraite, année sabbatique ? Qu’importe. Partez en vacances, et faîtes vous plaisir. Retournez en enfance. Innocence. Combat pour de faux avec des épées en bois. Rivalité et guerre des clans. Ceux de Longeverne, contre ceux de Velrans. Et si les enfants sont bêtes comme choux, et bien les parents ne valent pas mieux.
Comment ne pas tomber sous le charme de cet élixir de jouvence, qui vous attrape en plein cœur ? Les scènes de torture...sauvages. Les prisonniers de guerre. On en fait quoi des prisoniers de guerre ?
« On va leurs couper les oreilles !». Pour rire. Ils vont surtout perdre leurs boutons de culottes, et rentrer chez eux à poils comme des vers. La honte ! ce qui a de bien avec la guerre quand on est enfant, c’est que les morts, c’est pour de faux, les oreilles, ont les garde collés sur la tête.
« Et c’est qui le chef ?»
« Le chef c’est celui qui a le plus gros zizi ! » répond le chef, celui qui a le plus gros zizi. Le chef c'est celui qui a le plus gros zizi, et puis c’est tout, serons-nous tenter d’ajouter.
Yves Robert a adapté le livre de son enfance, et s’est amusé comme un fou. On le sent. On peut dire qu’il reste humble. Ne cherche pas la complication. Ne cherche pas le mot à mot. Il veut seulement nous remettre dans le bain de cette enfance « dorée », pleine de naïveté, impunité, et sans malice aucune. On va à la bataille, une fois de plus, et soudain, on a envie de se jeter dans la boue. Bains de boue pour tout le monde. Les enfants savent que la boue c’est bon pour la peau. No comment.
Quand on regarde ce film adulte, on se dit que, réellement, on est bête à cet âge là. Mais qu’est-ce qu’ils ont l’air de s’amuser! On les envierait presque. Mais le cinéma reprend ses droits par moments. Les scènes de charge « héroïque », m’ont transportés, j’ai crût voir du John Ford mis au niveau du monde de l’enfance, et déplacé dans la campagne française. Les cowboys contre les cowboys. Ici il n’y a pas d’indiens. Ils luttent pour un bout de nature, un sous bois pas terrible, une petite cabane, mais c’est tout ce qu’il y a dans le patelin.
Superbe musique au demeurant. Vive, syncopée, très moderne et exigeante. Une musique qui s’est trompé de film, et qui magnifie les scènes de bataille à coup de lance-pierre, ou à dos de mulet. Des trahisons de pacotille, un suspense de bibliothèque verte. Enfance.
Le récit suit une logique escalade dans la bêtise (comique). On est prêt à tout pour sauvegarder le trésor, les boutons de chemises et pantalons pris à l’ennemi. Et quand les adultes s’en mêlent, c’est encore plus drôle, puisqu’on voit bien que les petits cherchent à imiter les grands. Les adultes eux, qui ont dû connaître la vraie guerre de tranchée ; les adultes qui nous montrent que la rivalité entre les deux villages, c’est une vieille histoire. MDR.
Jeux de gros mots fleuris, ou nuls, des gros mots qu’on ne comprend plus ; pas grave. En sous-marin, Robert fait passer ses idées sur la république, la séparation des pouvoirs, la vie dans cette cité imaginaire, créée derrière la ferme, sous les arbres. Pas mal. On aurait même pût croire qu’il oserait aborder le côté sombre du pouvoir, et verser dans la vraie cruauté, la violence et les privilèges, mais non. « Sa Majesté des Mouches » est effleuré, touché du doigt, mais le film reste et doit rester un moment de détente, et de légereté.
Monde idéal, rêve, insouciance. Et ils vont loin dans la bêtise, ces garnements. Rien que pour nous faire rire un peu plus fort. Et puis soudain les parents (enfin), excédés les frasques des garçons, décident de retrousser les manches, et d’administrer (enfin), une bonne correction, vite oublié. Jusqu’aux prochaines vacances. Pour de futures bêtises.