La guerre des gangs par Pascoul Relléguic
A l'époque de ma (re)découverte de Fulci et de ses élans gores, le visionnage fortuit de la BA de la Guerre des gangs m'avait bien scotché la rétine, avec ses gerbe de sang mafieux. Puis, l'exploration du polar rital avait confirmé mon attrait pour cette branche bien souvent rentre dedans du ciné d'exploitation. La réunion des deux concepts s'annonçait donc grandiose, jusqu'à ce que la réalité douche un peu mon enthousiasme.
Hélas, la Guerre des gangs n'est ni le meilleur poliziottesci, ni le meilleur Fulci. Ni même vraiment dans la moyenne respective.
Principal problème : le film est plutôt chiant. Il ne s'y passe pas grand chose, la plongée dans l'univers de la contrebande de cigarettes est planplan et ce n'est pas Fabio Testi dans son rôle d'endive humaine apathique qui pourrait parvenir à sauver le morceau. Son impuissance à endiguer les méfaits du méchant Marseillais vendeur de dope en fait un personnage pitoyable, l'acmé de ce travers étant atteint lorsqu'il assiste via une conversation téléphonique au viol sordide de son épouse, ne faisant rien pour l'empêcher ni même pour se soustraite au chantage (comme raccrocher le téléphone, par exemple). Il faudra d'ailleurs la survenue d'un Deus ex Machina totalement saugrenu pour ramener la paix à Naples.
Bon, côté gore, Fulci respecte tout de même sa promesse d'un beau spectacle : ça gicle, les têtes éclatent, on crame du visage au chalumeau. Cette violence graphique tranche avec le style habituellement plus soft du poliziottesci et quand on lit l'intéressant petit livret fourni avec le DVD, cette rupture pourrait s'intégrer dans une volonté plus globale du réalisateur de détourner les codes de ce genre (le héros nul qui n'arrive à rien s'expliquerait ainsi). Mais même si cette interprétation est intéressante, je n'ai pas pour autant accroché au résultat à l'écran. Restent tout de même la mise en scène des quartiers populaires italiens et le côté très gentillet des contrebandiers italiens en comparaison du terrible Marseillais (ce qui s'explique par la participation à la production de véritable contrebandiers qui avaient apparemment un droit de regard sur le scénario).