La Guerre des Lulus est une adaptation de bande-dessinée réussie, pleine d'émotions, avec une belle mise en scène (on s'est laissés surprendre ponctuellement : les enfants en ombres découpées sur le soleil couchant, la locomotive qui arrive fumante en plan du dessus...), avec une séquence dans les tranchées qui nous fait mal au cœur (pauvres gosses, et pauvres fous qui s'entretuent tout autour...), dont le casting d'adultes met du baume au cœur dès le générique de début. Malheureusement, ce sont les acteurs enfants qu'on suit, et on se le dit franchement : ils sont plus que mal dirigés. Les deux tourtereaux (et leur intrigue romantique nunuche) jouent mal, le "Ducobu" (on l'a reconnu) et Ludwig sont les seuls qu'on sauve, le plus petit étant écrasé par le poids de sa seule réplique qui revient sans arrêt (et en fait un Petit Gibus à peine caché). On est dur, on sait, mais le sujet de la guerre à hauteur d'enfants est assez fort pour demander une minutie supplémentaire, un soin qui peut le propulser rapidement au rang de film bouleversant. La Guerre des Lulus émeut tout de même, en ayant un scénario cyclique qui reprend les tomes basés sur chaque personnage rencontré au cours du périple, ce qui devient même une habitude (on voit un adulte les approcher, on sait
qu'il va mourir... Après le curé, le prof, la Sorcière, Hans...on commence à piger que ces gamins sont des poissards
). A bien des égards, le scénario nous a frustré (
la mort décevante de Hans, l'oubli total du personnage du prof après la scène du Front, la romcom inutile entre les deux enfants grands
) en plus de ses facilités (
les gamins arrivent à l'orphelinat, il explose sous leurs yeux, la gamine veut se séparer du groupe, v'là les Allemands, ils trouvent un itinérant en charrette, v'là les Allemands, ils trouvent une infirmerie, v'là les Allemands...
On pense que si un gamin regarde sous sa chaussure, il y aura un Allemand planqué dessous). On s'est quand même laissé attraper par l'affection qu'on portait au personnage de Hans (le meilleur du film), on a aimé la critique de la guerre qui rend complètement fou pour une histoire de lignes invisibles qui bougent (de toute façon) sans arrêt, on a trouvé quelques beaux plans, deux enfants aux personnages attachants (sur les cinq), et surtout des adultes brillants dans leur (trop anecdotique) rôle : Isabelle Carré nous a brisé le cœur, Alex Lutz est (comme d'habitude) excellent, François Damiens nous a fait rire ("Vous me faites ch*er !!!", le curé en roue libre dans l’Église... On adore), Didier Bourdon en bougon (ça fonctionne toujours), Ahmed Sylla à l'aise... Malgré ses nombreux défauts, on passe un bon moment plein d'émotions devant ce film qui montre l'absurdité de la violence, et ça, on prend toujours.