"L'amour est une fumée faite de la vapeur des soupirs". Mais ici les soupirs se font pleurs...

La guerre est déclarée est définitivement de ces films qui, sans se soucier des conventions sociales, nous placent, nous, spectateurs, dans le rôle du voyeur. Difficile de ne pas se laisser prendre au jeu.
J'ai pour ma part vécu une expérience similaire, quoique moins grave, quand j'étais enfant. Ce qui est relaté dans ce film ressemble à ce que j'ai vécu. J'y ai donc cru non parce que l'illusion cinématographique a pris sur moi mais bien parce que je crois que Valérie Donzelli n'a pas triché. Elle nous a raconté sa version de l'histoire, sans la romancer. Le résultat c'est que ce film a tout du documentaire, les aspects pédagogico-éducatifs en moins.
La guerre est déclarée est un film auquel j'ai adhéré, c'est clair. Mais le fait est que, malgré un bande son magnifique, il manque comme une "dose de réalité brute" à ce film. Parfois, passer sous silence certains aspects de l'histoire c'est se passer de l'étincelle qui émeut le spectateur. Selon moi, Roméo et Juliette ne s'offre à nous qu'en temps que parents. Ils oublient leur couple durant l'épreuve et c'est exactement ce qui amènera la fin de leur histoire; mais c'est également ce qui nous manque. Ils ne sont jamais un couple. Nous ne voyons presque rien de leurs disputes, des à-côtés. Parce qu'évidemment, l'hôpital devient le centre névralgique de leur vie mais dans leur coeur le centre c'est toujours eux.
La vie bouillonne dans ce film, c'est ce qui le sauve de l'auto-apitoiement. Ceci n'est pas un film visant à vous faire pleurer et bien que le sujet traité soit grave l'atmosphère n'est pas pesante. Mais en passant des parts de sa vie sous silence, la réalisatrice nous montre qu'elle ne nous fait pas confiance. Sûrement parce que cette histoire est la sienne et que tout le reste est "trop personnel". Il aurait fallu aller jusqu'au bout pour faire de ce film l'oeuvre majeure que les enfants hospitalisés méritent.
Mention spéciale: Ils osent jouer leur propre vie.