Une bataille mais pas la guerre
Comment rester insensible, me direz-vous, devant l'histoire d'un petit bout de chou qui a un cancer et dont les parents, forts et résignés, tiennent le choc face à cette fatalité ?
Je répondrai une chose : il faut le voir comme un film. Car oui, après avoir été une histoire, vraie, qui plus est vécue par le couple à l'écran, ces évènements ont été transformés en scénario puis en film. Et c'est là que la bât blesse.
Car Valérie Donzelli prend tellement d'énergie à nous raconter son histoire, son couple, son courage, qu'elle en oublie de tourner son film, ou du moins de le lécher un peu (réal, casting...).
Résultats, la réalisation est carrément moyenne, la plupart des acteurs jouent comme des manches et le tout est très bancal. Il y a de beaux moment dans le film mais j'ai trouvé que la plupart étaient fort superficiels, de par, notamment, une musique utilisée comme cache-misère (remplissage pour des scènes d'élipses, pour des ralentis etc.). Ce qu'il y a c'est que la bande originale est remarquablement bien choisie et donc parfois ça marche. On est content sur le moment, mais au fond, la mise en scène manque cruellement de personnalité, de vécu.
Pour une histoire vraie, avouez que c'est dommage.
C'est ça qu'il y a de gênant dans ce film. C'est qu'on est partagé entre l'envie d'applaudir ces parents, cette famille qui a réussi à traverser une telle épreuve et celle de se dire qu'au fond, il n'y avait vraiment pas de quoi en faire un film. Au moins, avec une vraie fiction, on aurait eu droit à des rebondissements, des retournements de situations, des tensions dramatiques etc.
Là, on nous raconte ce qu'il s'est réellement passé et, à moins d'avoir vécu la même chose, bah on s'en fout presque. C'est horrible à dire mais bien que touchante, cette histoire n'est au final pas intéressante.
Et c'est pourquoi je parlais de cache-misère car le propos fondamental du film se résume en deux lignes. Valérie Donzelli a souhaité mettre l'accent sur ce couple mais sans jamais trouver une accroche qui vaille le coup.
On suit l'histoire, mi-ému, mi-amusé parfois, mais on a l'impression que personne ne nous parle. Au fond, je pense que voir un documentaire au Journal de la Santé sur le suivi d'une famille vivant ce type de drame doit être plus intéressant et bouleversant. Parce qu'à force de surjouer, sur-réaliser par des artifices inutiles, sa propre histoire, sa propre peine, Valérie Donzelli finit par nous la cacher.
Bizarrement, en sortant, j'ai eu le ressenti d'un film froid, très certainement raté au regard de ce que pouvait promettre l'idée de départ. Peut-être que la réalisatrice avait besoin de faire ce film, pour exorciser quelque chose, je ne sais pas. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir écrit un journal intime en le laissant dans son tiroir de table de chevet ?
Elle a sans doute voulu rendre un joli hommage à son fils, mais a oublié que les milliers de spectateurs qui iraient voir son film ne sont pas de sa famille.
Le film en soi n'est pas mauvais dans son ensemble, d'où ma note, mais j'avoue avoir sans doute un peu surnoté d'un point. Car je ne peux décemment pas mettre juste la moyenne à un film qui parle d'un bout de chou qui a le cancer.
[EDIT : Finalement je baisse ma note d'un point. Ca fait trop mal au coeur de voir un 6/10 à ce film.]