Beaucoup de bruit pour rien ...
Les critiques sont dithyrambiques, et l'intelligentsia cinématographique française en fait des gorges chaudes : La Guerre est déclarée est le nouveau chef d'oeuvre du cinéma français.
Face à tout cela, je me suis senti obligé d'aller le voir, sans avis sur la question, m'attendant à voir un bon, voir très bon film. Quelle déception. A croire que ses défenseurs ont été aveuglé par je ne sais trop quel phénomène, ou bien que face à la médiocrité actuelle du cinéma français, la moindre oeuvre un peu au dessus de la masse se voit porter aux nues ( et je comprendrais alors mieux Fabien Gaffez de la revue Positif, revue que j'adore par ailleurs, qui qualifie La Guerre ... d' "un des plus beaux films français de l'année." )
Alors certes, les acteurs jouent bien, le scénarios est prenant, d'autant plus qu'il s'agit là d'une autofiction (entendez par là une fiction basée sur le vécu de l'auteur ), les musiques sont belles, utilisées à bon escient ; et le texte se veut particulièrement littéraire, ce qui fait mouche à de nombreuses reprises. Mais ça s'arrête là.
Le scénario place les acteurs dans des situations fausses, difficilement crédibles, malgré le drame qui se déroule sous nos yeux ; l'image est catastrophique ( je comprends certes qu'il est moins coûteux de tourner avec un appareil photo, aussi bon soit-il, mais cela se ressent, et c'est terrible ! ) particulièrement pendant les scènes de nuit ; le texte, à vouloir tout le temps être littéraire, le devient trop, et les dialogues en deviennent énervants, tout comme la voix-off ; le choix du nom des personnages, mon Dieu !, mais qu'est-ce qui est passé par la tête de Donzelli ? Roméo et Juliette ? Franchement ?
La scène de nuit où tous les deux ( Roméo et Juliette ) chantent cristallise parfaitement tout ces défauts, et prouve à quel point le film est catastrophique sur le point technique et artistique.
Et puis personnellement, j'ai beaucoup de mal à m'attacher à cette famille dont l'enfant est gravement malade. Ils vivent une situation tragique, certes, mais le cancer reste une maladie qui peut être soignée, et qui le sera dans le cas de leur fils. A noter tout de même que le scénario ne s'apitoie pas sur eux, aucune séquence tire-larmes, pas de pathos mal placé, ce qui est une des forces du film.
Je terminerai cette critique en citant Pierre Murat de Télérama, qui résume parfaitement tout ce que je viens de dire :
"Donzelli et Jérémie Elkaïm sont charmants, ils ont vécu l'enfer, ils s'en sont sortis, ils nous le racontent, puisque l'autofiction est à la mode, hélas, et sans nous plomber de tristesse. OK !Sauf qu'il n'y a quasiment pas de cinéma dans ce film. Par "cinéma", on entend invention, originalité, quelque chose qui, soudain, dépasse l'anecdote et fasse d'un sujet pleurard une oeuvre d'art."