Romeo et Juliette, les survivants
Il faut bien le dire j'allais un peu à reculons vers ce film que l'on tarissait déjà d'éloges un peu partout dans la presse (sauf dans Télérama qui nous rejoue le jeu de "pour/contre"). Puis, l'idée de l'histoire vraie, jouée par les personnes ayant directement été touchées par l'histoire, je me disais "ça va être remplie de bons sentiments à faire pleurer toute une salle". Et puis en fait pas du tout.
D'abord la réalisatrice s'amuse dès le début à changer les noms, à nous présenter son film comme un conte, les deux personnages sont renommés Roméo et Juliette pour l'occasion et puis il chantent dans la voiture, ils rejouent le film de leur vie, de leur folle bataille.
Pas de scène tire larmes à l'hôpital, pas trop de fleur bleue (un peu sur le début de l'histoire d'amour). Il y a un tel humour dans le traitement de ce sujet mais c'est en même temps une joie qui a accompagné le couple dans leur vraie histoire, cette histoire un peu dingue, presque irréelle qui était faite (parce-qu'elle finie presque comme un miracle) pour un scénario de cinéma où un acte héroïque comme Hollywood et les Etats Unis savent les créer.
Sauf que là on est en France entre Paris et Marseille et que les personnages sont beaux, les lieux son beaux bref tous semblent un peu trop parfait mais la réalité est terrible.
C'est du cinéma, parce-que les personnages se battent toujours contre la caméra qui doit les suivre là où on ne les attends pas, qui doit même montrer leurs instants de faiblesses (ce qui donne lieu à une scène assez mitigée la nuit à l'hôpital "de quoi tu as peur" ?).
Les personnages chantent, cours, s'affolent, rient et tentent de tenir le coup...
On aurait envie de croire que tout finit bien mais c'est là qu'est la limite de ce film, ce n'est pas entièrement du cinéma puisqu'il y a une part trop forte de vécue, alors on ne peut parier sur la force du scénario.
Le plus fort est d'avoir gardé un tel rythme, une telle dynamique comme si raconter, revivre l'histoire était une seconde guerre pour cet ex-couple ayant surmonté le pire.
Enfin, même si la voix off est parfois agaçante venant souligner ce que l'on sait déjà, c'est un film (quand on oublie une seconde l'histoire "vraie") qui donne envie de courir à l'infini, de rire encore et encore et aussi de chanter (magnifique scène dans la voiture, d'un texte de Donzelli avec des arrangements de Biolay).
Alors, non ce film n'est pas le chef d'oeuvre que l'on nous annonce, mais il est un bon film, de ces films qui nous trottent encore longtemps dans la tête, il aurait pu être un peu malsain, il est lucide toujours, rend hommage à l'hôpital public (c'est rare).
Mais ce qu'on attend, (et ce que dit très bien le "contre" de Télérama sous la plume de Murat) c'est que Donzelli fasse le film qui lui vaudrait vraiment toutes ces belles critiques, un film qui ne soit pas aussi viscéralement attaché à elle, pour voir si elle arriverait aussi bien à communiquer cette rage de vivre, autrement qu'en nous attendrissant avec sa certes douloureuse mais trop personnelle histoire.
Quand à la BO, elle est très endiablée, envolée tout comme le film, mais elle est trop omniprésente et la mise en scène des sentiments forts s'oublie un peu parfois se cachant derrière la musique. Mais c'est surement parce que la musique vient ponctuer ce qui est impossible à exprimer,à rejouer quand on a vécu une douleur de si près et aussi parce-qu'elle est pour le couple ce qui solidifie leur guerre, celle qui les détruits eux mais les rend encore plus solides, encore plus liés même séparés. La preuve ils ont rejoué pour nous leur histoire d'amour passée.