C'est un Pialat que je n'avais jamais vu. Je ne le reverrai sans doute jamais, tellement t'en prend plein la gueule, c'est une vraie épreuve, mais c'est en même temps un très beau film, à la mise en scène magnifique, et une direction d'acteurs, comme d'hab, hallucinante. La photo d'Almendros est superbe et très discrète, ce qui prouve que le meilleur chef op du monde était tout à fait capable de se couler dans le style du cinéaste avec qui il bossait. Ce qui est super étonnant dans ce film, c'est que la mère n'a qu'une seule scène, magnifique, celle où elle parle avec son fils puis qu'ils écoutent de la musique ensemble, silencieusement. Ensuite, elle est mise dans un coin et on attend qu'elle meure. Mais elle n'existe plus en tant que personnage, personne ne lui parle, elle ne bouge pas, elle est juste posée dans un coin. Elle est pourtant ce qui conditionne tout le film et sa présence est tout de même énorme et étouffe littéralement le film. Mais le choix de Pialat de refuser d'un coup de la traiter comme un personnage, même comme un être vivant tout court est super étonnant, super fort et vraiment original, même si super dur évidemment. L'autre truc fou c'est que ce film est étonnamment sexué. ça baise tout le temps, ça parle de cul tout le temps, comme si tout l'entourage de la mère combattait Thanatos avec Eros. C'est un vieux combat, une vieille figure ô combien éculée mais Pialat la travaille vraiment au corps ici, dans son ontologie première.