Quand un film s'intitule La Gueule ouverte et que son réalisateur s'appelle Maurice Pialat, il faut bien se douter que cela ne va pas être la fête du slip. Et quand, pratiquement au début du film, le cinéaste sort un plan-séquence de plusieurs minutes des personnages du fils et de la mère juste en train d'écouter de la musique, il n'est pas difficile de saisir que le spectateur ne va pas être caressé dans le sens du poil.
De toute façon, ce n'est pas ce qui est demandé à ce film. On se lance là-dedans en connaissant le réalisateur ainsi que le sujet, une mère moribonde, la réaction de son entourage.
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Par contre, ce qui m'a rendu un peu mitigé, c'est quand Pialat filme l'entourage de la mourante. En effet, leurs occupations quotidiennes semblent se résumer à juste baiser ou à tripoter des nibards. Euh, d'accord… Autrement, Philippe Léotard ne paraît pas être à l'aise en ayant l'air constamment de se demander ce qu'il fout là. Nathalie Baye joue en parlant trop fort. Ce qui contraste d'une façon gênante lors des scènes avec des comédiens amateurs qui ne bredouillent pas très fort (une récurrence chez le réalisateur que je n'ai jamais comprise d'ailleurs ; heureusement que La Maison des bois est une sublime exception !). Je n'ai pas eu l'impression qu'elle est leur partenaire, en faisant sa petite cuisine toute seule dans son coin au sein, pourtant, d'une même séquence.
Pour le positif, certains moments, certains comportements visent juste. La réaction du père qui est partagé entre sa tristesse et son envie que cette interminable agonie finisse au plus vite ne pourra que rappeler de véritables souvenirs personnels terribles à la plupart d'entre nous. Monique Mélinand et surtout Hubert Deschamps (vraiment une belle surprise, plus habitué que j'étais à le voir dans le genre Sous-doués !) sont excellents et semblent vraiment comme chez eux dans l'univers sombre et atrabilaire du cinéaste.
L'ensemble est loin d'être parfait, mais une certaine rigueur dans l'écriture est présente. Pialat la laissera malheureusement complètement tomber (excepté dans Van Gogh !) durant les deux décennies suivantes. Oui, je sais pertinemment que très peu de cinéphiles seront d'accord avec cette remarque purement subjective.