Le décor de La Haine est banal, habituel, battu et rebattu, n’en déplaise au noir et blanc utilisé tout au long du film, la crise ne fut en réalité pas un élan mais un état à part entière durant depuis l’après-guerre. Kassovitz n’exacerbe pas le conflit à la manière d’un journaliste qui traite le problème dans sa ponctualité, il met en scène une tension perpétuelle, une violence attachée aux personnages depuis si longtemps qu’elle en devient une caractéristique propre. Les banlieues sont une nation à elles-seules, habillées de leurs propres dogmes, coutumes, règles et lois. Le combat est alors tout à fait inévitable lorsque d’enhardis hommes s’engouffrent dans leur territoire au nom d’une République dont ils ne partagent rien. Kassovitz éclaire à merveille le combat entre ces deux mondes irréconciliables que l’on cherche à intégrer par la réprimande et non par le discernement. Tout le paradoxe de ce combat réside dans son manque de finalité. Pourquoi combattre les banlieues ? Qu’y a-t-il à gagner si ce n’est qu’un jet d’huile sur le feu jeté par des hommes qui sous couverts de la loi expriment toute leur perversité ? La situation semble irrémédiable et insolvable, Kassovitz se veut d’ailleurs assez pessimiste quant à l’issu du conflit…irrémédiable et insolvable.