"Le mec il dit « je te tue gratuit »."

La Haine c'est l'histoire de la violence, de la spirale de la violence qui vient de la haine, tout le monde se hait car tout le monde se hait. C'est une vision bien pessimiste, honnêtement je ne pense pas que cette vision soit vrai, c'est pas pour autant une vision complètement fausse.

Réalisé par Mathieu Kassovitz, le film est doté d'une mise en scène tout simplement brillante. Les acteurs, enfin le trio surtout, sont tout simplement parfaits. On ressent la violence monter dans les esprits d'Hubert et Vinz jusqu'à un dernier acte en plein Paris, de nuit, démontrant le passage vers la folie qui vient se terminer par un retour à la cité pas des plus joyeux : Hubert cède à la violence, mais finalement n'as t-il pas toujours encouragé celle-ci ? Vinz, incapable de tuer un homme, chose qu'il s'était juré de faire, ressors frustré de son expérience, bien qu'il n'ait tué personne il a toujours la Haine.

Je me suis longtemps questionné sur "qui représente la morale dans cette histoire ?" bien évidemment j'ai pensé durant mon visionnage que c'était Hubert, mais plus on avance dans le film plus l'on se rend compte que c'est faux, que la face sombre de l'homme peut réapparaître sans prévenir, il ne suffit que d'une étincelle. Quant à Saïd, c'est plus un observateur qu'autre chose. Toutes les victimes de cette histoire en sont aussi les acteurs, chacun frappe, personne veut s'arrêter, ces deux "clans" ne semblent pas réconciliables, cette situation n'est rien de plus qu'une impasse et il n'y a rien de pire qu'une impasse. Finalement, la Haine n'apporte pas de solution à la violence, la Haine est sans espoir, elle dénonce et c'est là sa seule réponse.

La seule chose avec laquelle j'ai du mal c'est le manque cruel de nuance, si le film passe son temps à montrer la violence omniprésente des deux côtés dans ce conflit, il ne peut s'empêcher de laisser le dernier mot à l'un d'entre eux, ce qui va pourtant à l'opposé de son sujet. Pour moi, la réponse à la haine c'est tout sauf donner raison à l'un des camps, car ça serait donner tord à l'autre, et ainsi continuer cette spirale infernale. Mais bon comme je ne suis pas sûr de mon analyse, et que j'aime beaucoup les autres aspects du film, je vais mettre un 8/10.