Beetlejuice/Beetlejuice

Ce film a deux facettes : celle des thématiques (la mort, la vie, l'amour et les superstitions) traitées avec sérieux, et celle humoristique dédiée à l'univers fantastique.

La première facette ne fonctionne pas vraiment tant les pistes scénaristiques peinent à s'intégrer au récit (je pense surtout à Jeremy Frazier et à l'antagoniste), et ne sont que des prétextes pour faire passer la pilule sur les thèmes du film. Il en va de même pour le deuil, thème très présent mais malheureusement survolé. Le film n'assumant pas son côté dramatique, il se contente d'enchaîner les dialogues "tristes" mais peu sincères. Tout cela a du mal à cohabiter et les arcs narratifs sont résolus sans plus d'effort.

De plus les péripéties, plus ou moins réussies, sont accompagnées de nombreuses facilités confirmant les soucis énoncés. Et je ne parle pas de facilités permettant l'arrivée de blagues, mais vraiment de grosses facilités visant à faire avancer les arcs narratifs de chacun (bon comme celui de Delia est une blague, ça passe).

C'est en vérité la seconde facette qui prend, et de loin, le dessus sur la première. Les blagues sont légions, la DA est inspirée et Keaton toujours parfait dans son rôle.

Les clins d'oeil au premier opus sont présents, mais loin d'être gênants.

On constate également cette confrontation des deux tonalités par la réalisation de Burton : si les dialogues dramatiques ne sont que de vulgaires champ contre champ, lorsque le fantastique et l'humour bien gras débarquent, on le sent renaître.

En soit je me demande si ce n'est pas voulu : Beetlejuice débarque et s'empare d'un récit qui s'embourbe dans le mélodramatique artificiel. Mais dans ce cas là : pourquoi continuer ces arcs ?

Et c'est con quand on sait que Burton est le réalisateur de l'émouvant Big Fish mais également de celui du premier Beetlejuice, on se dit qu'il peut largement faire quelque chose de très drôle et con tout en gardant une sensibilité émouvante et un intérêt pour ses personnages.

On sent donc un aveux d'échec pour toutes ces pistes narratives assez vaines qui ne servent qu'à remplir le film, en attendant la prochaine vanne ou trouvaille visuelle (les deux étant très souvent de paire dans le film).

Alors attention c'est loin d'être un énorme défaut qui détruit tout ce que tente le film.

Le casting est convainquant (mention spéciale à Monica Bellucci, sensualité effrayante, sans qui l'antagoniste du film serait très probablement nulle) et le film plonge pleinement, à mi parcours, dans la direction humoristique, ce qui lui réussit bien. La DA fait des merveilles, les gags se multiplient, et Burton s'en donne à coeur joie, c'est très généreux bien qu'on soit bien loin de sa créativité d'antan.

Si le développement du récit est hasardeux, Beetlejuice Beetlejuice a pour force sa générosité.

6.5