Il y a beaucoup à dire sur la Harpe de Birmanie, peut etre beaucoup trop pour ne pas paraitre analitique, historien et psychologue. En ramenant un roman à la base fantaisiste, conte pour enfant, à des éléments purement ancrés dans le réel, la scenariste WATTA Nado a donné corps à un discours emplein d'humanisme entier, bien plus que de message spécialement anti guerre, pacifiste. Car de la guerre, s'il en est question dans La Harpe de Birmanie, ce ne sont que des faits passés, hormis le dernier sursaut de fanatisme d'une unité, dont l'étendue des horreurs n'est que tres peu montrée ostensiblement. De la guerre il ne reste qu'un état d'esprit dans le comportement des soldats. Non ce dont il question dans La Harpe de Birmanie c'est de devoir et d'universalité.

Devoir d'aller de l'avant. Inoue et ses hommes representent ce pendant du film. Ils sont vivants. Mais plus que vivants ils sont miraculeusement épargnés de la conscience éveillée des horreurs de la guerre. Ils ne sont rien de plus que ce qu'ils étaient au départ, ouvriers, livreurs, réveurs. D'ailleurs leur idéal est de retourner à leur condition initiale.

Devoir de mémoire. C'est la tache que le destin va mettre entre les mains de Mizushima, et que ce dernier va accepter. En rentrant retrouver son unité, Mizushima va peu à peu prendre conscience des conséquences humaines de la guerre dont l'utopie de groupe l'avait jusqu'a lors protégé. Et en meme temps qu'il revetira l'habit et la philosophie de moine, il éveillera.

Universalité. C'est finalement le theme le plus important de La harpe de Birmanie. Et tant Inoue et ses hommes que Mizushima en sont les détenteurs. Universalité de la musique qui remplace les mots entre personnes qui ne se comprennent pas. La musique pour faire écho aux sentiments, et pour rapprocher ceux que la guerre avait placé dans des camps ennemis. Inoue et ses hommes utilisent le chant comme vecteur, Mizushima quant à lui pousse plus loin la médiation en remplacant instinctivement les paroles par les nuances musicales de sa harpe.

La harpe de Birmanie est simplement une fable empreinte de réalisme, dans laquelle les actions des personnages ne sont que symboles. Il s'en dégage neanmoins une force emotionnelle et idéologique d'une rare puissance. Peut etre le plus beau conte sur la guerre jamais tourné.

nihoneiga
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le 3 févr. 2012

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