Depuis quelques années déjà le cinéma Espagnol, sortant peu à peu de la péninsule ibérique n'a de cesse de convoiter la curiosité, susciter l'intérêt pour finalement s'imposer comme un bon cinéma à part entière, et cela à juste titre. C'est notamment ce que fait remarquablement Alberto Rodriguez avec son sixième long métrage :
"La Isla minima", offrant une réalisation parfaitement maîtrisée. Le tournage du film s'est déroulé dans une partie très aride et isolée de l'Andalousie notamment dans les communes d'Isla Mayor sur l'île de Isla Mínima, Los Palacios y Villafranca, Las Cabezas de San Juan, ainsi que dans les villes de Séville et Malaga. De superbes paysages magnifiés par la photo dAlex Catalan, souvent filmé en plans aériens. Pour le scénario Alberto Rodriguez et Rafael Cobos se sont librement inspirés de l'oeuvre de Roberto Bolaño. Sur fond de "démocratisation" et de post-franquisme du début des années 80 ou encore la description d’une société gangrenée par la corruption, l’omerta et un passé douloureux, deux flics que tout semble opposer sont chargés d’enquêter sur la disparition et le meurtre de deux adolescentes. Entre les lourds secrets d’une période trouble et les arrangements entre les autorités locales et les trafiquants, leur enquête ne sera pas des plus faciles.
Même si les influences américaines se font sentir dans La isla minima (de True Detective à Twin Peaks en passant par Mud ), on baigne bel et bien dans le polar glauque ibérique, genre réputé dont on ne se lasse pas. Alberto Rodriguez n’invente rien mais décline les codes du néonoir avec une certaine efficacité. La Isla minima est une belle réussite pour un réalisateur à suivre de près. Grand succès public et critique, le film a été récompensé par dix prix Goya, l'équivalent des oscars.