Des anges et de la poudre
Après le consternant Un été brûlant, Philippe Garrel qui renoue avec le noir et blanc qui lui va si bien signe un nouveau film plus conforme à son univers : de beaux jeunes gens, un milieu intellectuel (le théâtre) et l'exploration d'un sentiment (la jalousie) comme poison qui irrigue puis tue l'amour. Tout n'est pas réussi, loin s'en faut : des moments trop longs (malgré la brièveté de l'ensemble), le jeu pas possible d'Anna Mouglalis. Mais le film réservé néanmoins des moments de grâce : une promenade dans un parc, une séance de cinéma. Alors qu'elle consume les adultes, la jalousie ne semble pas concerner Charlotte, la petite fille, élément pivot sur lequel s'agrège l'amour des grands. Où on voit aussi que deux conceptions différentes, sinon opposées, de l'amour amènent obligatoirement à l'échec. La peur d'être quitté paralyse le sentiment et l'empêche ainsi de s'épanouir, épuisé par le manque de confiance et par le désir de possession. Acteur ténébreux qui réussit l'alliage de la légèreté (qui confine parfois au foutage de gueule) et de la gravité élégante, Louis Garrel demeure le modèle idéal des préoccupations de son père.