Je suis passé pour être présent dans ton futur
Tout simplement beau, émouvant voire bouleversant. Au delà de l'aspect anticipation/ SF qui pour une fois sert le propos au lieu de se servir de lui, ce que l'on retiendra c'est ce que le roman photo de Marker parvient à éveiller en nous.
Qu'est ce qui fait d'un homme ou d'une femme ce qu'il ou elle est et accomplira? Est ce que cette relation que chacun entretien avec son enfance et ses souvenirs marquera son destin et le scellera de façon indéfectible?
Pour illustrer ce récit de voyage dans temps le choix de Marker d'utiliser la photo, support montrant un temps figé et virtuellement éternel, est totalement judicieux. Dégageant un sentiment d'ironie d'une rare mélancolie, le procédé souligne encore plus l'idée de fuite et de perte lié à l'inexorable avancée du temps. "Nul n'échappe au temps".
Rarement j'aurais vu un métrage d'une telle durée (28 minutes) distiller autant de force, de beauté, d'étrange mélancolie, et d'originalité tant dans la forme que le fond (se rappeler du contexte: tourné en 1962).
Un des moments qui m'ont le plus touché réside dans la scène se déroulant au musée; l'homme venant d'un futur dévasté où la race humaine a presque été entièrement décimée se baladant au milieu de fossiles, de squelettes de dinosaures et d'animaux empaillés dont les espèces ont désormais disparues. Les images d'un noir et blanc sublime y sont alors soulignées par une musique aux accents tragiques et romantiques tout simplement bouleversante.
La Jetée est un voyage dans le temps, au sens propre comme au figuré, qui m'a aidé à mieux comprendre et apprécier la démarche de Gilliam concernant l'Armée des 12 Singes. Même si son film ne possède pas toute la force poétique de l'oeuvre dont il s'inspire, il n'en possède pas moins la dimension tragique, romantique et mélancolique instillée à l'origine par Marker.
Superbe.