Beau et inquiétant à faire exploser le cœur
J'édite aujourd'hui ce message car une triste nouvelle est tombée pour ceux que ce film (et ce réalisateur) a tant marqué http://next.liberation.fr/cinema/2012/07/30/le-realisateur-chris-marker-la-jetee-level-five-est-mort-lundi-a-l-age-de-91-ans_836481
Et un formidable petit documentaire : http://videos.arte.tv/fr/videos/blow_up_les_50_ans_de_la_jetee-6408192.html
Tellement de choses ont déjà été dîtes sur l'aspect purement cinématographique de ce film que je ne vais pas m'arrêter là-dessus, même si sur ce point l'exercice est follement excitant, une sorte de Graal pour tout cinéphile. On peut le décortiquer, le comparer, disséquer l'incroyable travail sur l'image et le son...
Je vais donc plutôt m'attarder sur la pure émotion ressentie face à ce monument, en disant à quel point il est incroyable, saisissant, émouvant, puissant, déstabilisant...
Comment ai-je pu attendre tant d'années avant de revoir ce monument absolu ? Je l'avais découvert il y a bien longtemps, mais dans des conditions absolument inadaptées, en l'occurrence dans un festival pour le moins agité. Malgré tout, j'en étais sorti impressionné, en gardant surtout le souvenir d'une prouesse esthétique et technique. Mais un film aussi monstrueux mérite qu'on lui prête une attention absolue, qu'on s'y abandonne totalement.
En effet, il s'agit d'une prouesse formelle évidente, mais c'est loin de n'être que ça, ce "photo-roman", comme le définit lui-même Chris Marker, est une expérience sensorielle fantastique, que seul Tarkovski m'avait jusqu'à maintenant procuré.
Mes dernières larmes "cinématographiques" remontaient justement à mon voyage au travers du "Miroir" (1) du génie russe, devant les plans touchés par la grâce du visage de Margarita Terekhova / Maroussia. Et voilà que quelques images esthétiquement très proches viennent de me provoquer une émotion aussi intense, celles d'une beauté quasi-élégiaque, soulignée par des éclairs de musique liturgique orthodoxe, à vous faire exploser le cœur ... Hélène Chatelain, je vous aime.
(1) http://www.senscritique.com/film/Le_Miroir/critique/12443207