Un frisson glacé a descendu notre colonne vertébrale lors de la scène-choc de La Jeune Femme à l'aiguille, rien ne nous y préparant franchement (donc réussie). Aussi, si vous avez des sensibilités quant à certains sujets sur les nourrissons, renseignez-vous sur le contenu du film. Pour notre part, on se pointait naïvement dans la première séance du Palais des Festivals, en n'ayant aucune info sur le film, et pensant que la fameuse aiguille était celle qui sert à cette couturière à confectionner ses broderies. L'erreur ne pouvait être plus grande. Et le film nous a donc vraiment (mais alors : vraiment) déniaisé de façon radicale. La Jeune Femme à l'aiguille, au travers de son histoire vraie terrifiante, aborde frontalement des sujets durs tels que
l'avortement sans matériel médical (la fameuse aiguille), l'abandon de nourrissons, l'infanticide (la scène de la poussette dans un coin, où l'on ne s'est pas méfié, et un recadrage du plan qui nous a fait découvrir la matrone qui tord le cou au bébé... Frisson)... Idem ce plan très graphique et choquant du petit tas de cendres au pied du poêle, d'où l'on voit percer quelques petites dents de bébé... Damned.
Ajoutez à cela une ouverture un peu trop "arty" à notre goût (cela nous a rappelé quelques cours d'esthétisme du cinéma un peu pompeux), qui s'ensuit néanmoins avec une photographie stupéfiante en noir et blanc (le chef-op se fait plaisir à chaque plan !), qui donne toute la place nécessaire à deux actrices qui crèvent l'écran (Trine Dyrholm émouvante, et Victoria Carmen Sonne terrifiante), qui laisse le final nous prendre aux tripes. Une sous-intrigue de gueule cassée et freakshow est un peu plus dispensable, mais est loin d'être désagréable pour aérer un peu l'intrigue principale à fleur de femmes (et enfants). La Jeune Femme à l'aiguille est donc une histoire vraie glaçante, qui ne vous laissera certainement pas indemne en fin de séance, s'offre une superbe photo et un binôme d'actrices très impliquées. A ne surtout pas manquer !