Tendresse hivernale
Tout commence dans une petite maison non loin de Moscou où Natacha mène une vie calme et heureuse en fabriquant des chapeaux. Mais très vite, un de ses voyages dans la capitale soviétique va lui...
le 26 mars 2015
24 j'aime
6
Comment suis-je tombé sur toi, petit film méconnu de Boris Barnet ? J'errais sur SensCritique à la recherche de films pas trop longs, idéals quand on a peu de temps ou que l'on désire simplement se détendre une petite heure. Et il faut dire que pour répondre à ce genre d'attentes, le cinéma du début du XXe siècle est une vraie mine d'or ! Voilà comment j'ai découvert, dans l'ignorance la plus totale quant à l'histoire, le genre et le réalisateur même, La Jeune Fille au carton à chapeau, datant de 1927.
Dès les premiers instants, j'ai été conquis par l'ambiance qu'instaure le film, portée par une musique entraînante qui trottera pendant toute l'heure dans ma tête. Natasha, le personnage principal, est particulièrement rayonnante, souriante, et nous embarque dans sa petite vie tristement quotidienne de fabricante de chapeaux, entre deux allers-retours à Moscou où elle livre ses confections à la détestable Madame Irène, qui les vend à son tour dans sa boutique. En chemin, elle fait la rencontre d'un homme, Ilya, qui vit seul sur les quais de la gare et à qui elle propose de l'épouser, afin qu'il puisse utiliser légalement sa piaule qu'elle n'occupe que très rarement lorsqu'elle vient à Moscou. Sautant sur l'occasion d'un tel acte de générosité, Ilya accepte : commence alors une série de scènes toutes plus drôles et touchantes les unes que les autres où les deux jeunes gens, mariés alors qu'ils sont encore étrangers l'un à l'autre, font connaissance avec beaucoup d'amusement. D'autres gags, souvent simplistes mais toujours bien sentis, viennent alimenter le déroulement des événements et font pour certains penser, dans leur ingéniosité, aux plus savoureux de Buster Keaton (glissades, jeux d'équilibriste, quiproquos, ...).
La force du réalisateur réside dans sa capacité à capter les émotions sur les visages, les rires comme les larmes de ses acteurs, qui réussissent à nous plonger au plus profond des neiges soviétiques en à peine une heure. Tout est fait avec beaucoup de légèreté, de sincérité et d'application, si bien que je n'ai pas grand chose à redire en terme de réalisation. Entre mensonges, tendresse, cris d'amour et peur de l'abandon, Boris Barnet propose une très jolie ode à la joie, sublimée par une photographie magnifique. Bercés par les notes tantôt jazzy, tantôt mélancoliques d'un score mémorable, ses personnages, profondément attachants et purs, nous invitent à prendre part à cette histoire d'amour qui n'aurait pas dû en être une, au carrefour du burlesque et du tragique.
Et ce carrefour, je l'appellerai poésie : une poésie que seul le cinéma muet parvient si bien à embrasser.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2017, l'année de la bragu..., Collection DVD/Blu-Ray, Le muet, ça me parle ! et Les meilleurs films de 1927
Créée
le 22 mai 2017
Critique lue 364 fois
11 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur La Jeune Fille au carton à chapeau
Tout commence dans une petite maison non loin de Moscou où Natacha mène une vie calme et heureuse en fabriquant des chapeaux. Mais très vite, un de ses voyages dans la capitale soviétique va lui...
le 26 mars 2015
24 j'aime
6
3ème Festival Sens Critique, 1/16 Alors qu’elle nettoie les carreaux, la servante manque de tomber : son équilibre instable fait soudain douter de son rapport à la gravité, et on l’assiste à une...
le 16 juil. 2014
17 j'aime
12
Comment suis-je tombé sur toi, petit film méconnu de Boris Barnet ? J'errais sur SensCritique à la recherche de films pas trop longs, idéals quand on a peu de temps ou que l'on désire simplement se...
Par
le 22 mai 2017
11 j'aime
8
Du même critique
Dans le cinéma d’Hayao Miyazaki, Le Château ambulant se range dans la catégorie des films ambitieux, fantastiques, ostentatoires, qui déploient un univers foisonnant et des thématiques graves à la...
Par
le 1 avr. 2020
162 j'aime
31
Faire une suite à un diptyque désormais culte a tout du projet casse-gueule. D’autant que Michel Hazanavicius est parti et que c’est Nicolas Bedos aux commandes. Certes, ce dernier a fait ses preuves...
Par
le 4 août 2021
121 j'aime
20
Solo : A Star Wars Story est enfin sorti, après un tournage chaotique et une campagne marketing douteuse, à l’image d’un projet dès son annonce indésirable que l’on était en droit de redouter. Si le...
Par
le 27 mai 2018
112 j'aime
34