Tout commence dans une petite maison non loin de Moscou où Natacha mène une vie calme et heureuse en fabriquant des chapeaux. Mais très vite, un de ses voyages dans la capitale soviétique va lui faire rencontrer du beau monde qui va peu à peu, chambouler sa paisible existence...


Dès l'ouverture et l'entrée dans la maison et la vie de Natacha, Boris Barnet nous plonge dans l'hiver soviétique qu'il sublime, donnant tout de suite un charme et une ambiance au film qu'il maintient tout le long. Ce qui est aussi frappant dès le début, c'est sa façon de capter l'émotion et les humeurs via les visages des protagonistes et ce film vérifie (une fois de plus, comme chez Borzage, Griffith etc) la réplique de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard, "We didn't need dialogue. We had faces !". Ici tout passe par le visage des protagonistes et, à travers ses cadres et sa mise en scène, Barnet les magnifie, tout comme toutes ses trouvailles visuelles.


L'histoire, à défaut d'être particulièrement surprenante, a le mérite d'être efficace et de nous emmener dans divers chemins permettant aux acteurs de s'exprimer de la meilleure des manières. Boris Barnet déborde d'idées, que ce soit dans sa mise en scène, dans les gags (souvent burlesque) ou dans la façon de mettre en avant ses protagonistes et ça donne lieu à plusieurs séquences mémorables oscillant entre humour et poésie (celles dans la neige, les diverses rencontres ...). Le film est bien rythmé, sans temps mort mais sans pour autant aller trop vite, sachant bien, dès le début, donner de l'importance aux personnages, surtout elle qu'il décrit avec tant de tendresse, et à nous y intéresser, le tout sublimé par une très belle photographie.


J'ai aussi particulièrement bien aimé la façon dont Barnet peignait un tableau de la vie dans cet URSS où l'on assiste à l'arrivée de cette jeune et naïve fille en ville et, malgré toutes ses péripéties, toujours avec la joie de vivre et sans arrière pensé, contrairement à d'autres personnages. Pour autant il ne tombe pas dans la lourdeur ou le pathos, loin de là, tant l'humour ainsi que l'ambiance tendre et hivernale prennent toujours le dessus. Et enfin, s'il met si bien en valeur les protagonistes, notamment Natacha, c'est aussi rendu facile par le magnifique visage de son actrice principale, la pétillante Anna Sten, qui joue très bien la petite fille naïve, belle et maladroite qui va arriver dans un monde impitoyable qu'elle ne maîtrise pas.


Première plongée dans le cinéma de Boris Barnet et c'est un vrai régal. Tendre, léger, beau, marrant et débordant de diverses trouvailles et idées "La Jeune Fille au carton à chapeau" nous plonge dans l'hiver soviétique en compagnie de la belle Anna Sten, et le seul regret serait que le film ne dure qu'un peu plus de 60 minutes !

Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes We didn't need dialogue, we had faces !, Les meilleurs films muets, Voyage au cœur du cinéma russe et Les meilleurs films des années 1920

Créée

le 26 mars 2015

Critique lue 578 fois

24 j'aime

6 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 578 fois

24
6

D'autres avis sur La Jeune Fille au carton à chapeau

La Jeune Fille au carton à chapeau
Sergent_Pepper
8

Des sourires et des hommes

3ème Festival Sens Critique, 1/16 Alors qu’elle nettoie les carreaux, la servante manque de tomber : son équilibre instable fait soudain douter de son rapport à la gravité, et on l’assiste à une...

le 16 juil. 2014

17 j'aime

12

La Jeune Fille au carton à chapeau
Grimault_
7

Le Chapeau Ambulant

Comment suis-je tombé sur toi, petit film méconnu de Boris Barnet ? J'errais sur SensCritique à la recherche de films pas trop longs, idéals quand on a peu de temps ou que l'on désire simplement se...

le 22 mai 2017

11 j'aime

8

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34