La jeune folle est l’adaptation de la nouvelle longue ou du roman court Ar follez yaouank écrit en breton par Meavenn puis traduit en français par l’auteur. C’est probablement cette dernière version qu’Allégret adapte ici en y apportant quelques changements.
Nous sommes en 1922, alors que les indépendantistes irlandais se déchirent lors de la guerre civile. Catherine, jeune femme placée au couvent, vit dans l’attente de retrouver son frère, combattant dans la guerre. Persuadée que celui-ci est en danger, elle va partir à Dublin à sa recherche.
Première déconvenue, il n’est pas aisé de rentrer dans le film quand à aucun moment on a l’impression d’être à Dublin, ni même en Irlande. Il y a bien quelques indices placés çà et là (un pub, une harpe …) mais la langue française et en particulier l’accent parisien très prononcé sont un vrai problème. La deuxième déconvenue tient plus aux conditions de visionnage qu’au film en lui-même car le moins que l’on puisse dire, c’est que René Chateau (qui vient tout juste de passer l’arme à gauche) ne prend pas soin de son catalogue. En vrai, l’intrigue se suit bien et si le personnage principal ne semble pas toujours très cohérent, ce qui est une mauvaise lecture de l’écrit d’origine, ça n’empêche pas d’apprécier les rebondissements de l’intrigue. Le contexte de l’histoire est assez peu évoqué et visiblement, Allégret n’a pas souhaité faire un film politique. Il s’agit surtout d’un film noir et à ce titre, le cahier des charges est respecté car on a bien une tragédie, des malfrats, une femme, des intrigues, un amour impossible, un personnage condamné. C’est surtout la question du sentiment de culpabilité du tueur qui est mis en scène, ses regrets d’autant plus forts qu’ils le poussent à devoir renoncer à l’amour. On aimera les quelques scènes de suspens et surtout la prestation très crédible et habitée de Danièle Delorme. On regrettera une ambiance peu compatible avec les évènements en toile de fond, à l’image d’une partition musicale qui paraît totalement hors-sol.
Au final, c’est surtout la trame narrative que reprennent Allégret et Jacques Sigurd et il aurait probablement été souhaitable de déplacer l’action dans le milieu parisien. On aurait perdu en exotisme de pacotille ce qu’on aurait gagné en cohérence. Reste que ce film sans grande prétention se regarde avec plaisir.
>>> la scène qu’on retiendra ? Le meurtre sur la plage. Lumière et mouvements de caméra y sont parfaits avec ce petit côté étrange qui rappelle qu’on voit là le rêve de Catherine.