Critique modifiée le 20 octobre 2020
Le professeur de français, Sonia Bergerac, dispense ses cours en jupe dans un collège difficile de la banlieue parisienne classé en "ZEP". Cette tenue vestimentaire fait débat chez certains élèves mais également au niveau du chef d'établissement qui, connaissant les élèves, préfère prévenir que guérir. Les collégiens étant effectivement dissipés, turbulents voire insolents et grossiers perturbent au plus haut point Sonia qui doit faire face aussi à des problèmes concernant sa vie privée. Ce qui devait arriver arriva, le professeur craque et prend en otage quelques élèves de sa classe sous la menace d'un pistolet confisqué à l'un des élèves. Une détonation se produit provoquant une certaine panique dans la classe. Désemparée et en état de choc, Sonia va alors exiger de pouvoir donner ses cours comme il se doit c'est à dire dans la discipline et d'instaurer une "Journée nationale de la jupe obligatoire dans les collèges". Cet événement va entraîner diverses réactions...
Ce film aborde un sujet délicat et nous envoie de manière très atypique un message de détresse de la part des enseignants pris eux-mêmes en otage par des ados déstructurés mettant en péril la mission et la vie des professeurs, les structures de l'Éducation Nationale garante de la laïcité et les libertés individuelles en milieu scolaire.
Sonia Bergerac est une femme comme les autres devant faire face, outre la rupture avec son époux, à l'impossibilité d'exercer sa profession de manière satisfaisante. La classe est ingérable et la hiérarchie par son attitude de "démission" fait preuve d'une inconsistance notoire envers ces enseignants, seuls dans leur classe face aux sarcasmes d'un certain nombre d'élèves. Les tranquillisants ne peuvent plus grand chose et Sonia va craquer, la trouvaille de ce pistolet dans le sac de l'un de ses élèves arrivant au pire moment de son existence. Pas question pour elle de trouver du réconfort autant dans sa vie privée que dans son travail, impossibilité de se rattacher à un "système" pouvant la soutenir dans sa profession, Sonia est broyée. Elle panique et dans son affolement improvise, arme au point, cette prise d'otages afin d'attirer enfin l'attention de tous sur l'état de l'école publique et de son personnel.
Cette fameuse jupe que n'osent plus porter les filles sous peine de brimades et bien plus encore de la part de certains agitateurs, va devenir le symbole de cette lutte engagée soudainement par Sonia au péril de sa vie.
Elle n'a plus qu'un seul espoir dans son "jusqu'au-boutisme", finir en beauté en osant croire qu'enfin les instances qui la gère et l'opinion publique se rendront finalement compte de sa situation et de celle de beaucoup d'autres de ses collèges.
Le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld traite ce problème brûlant et toujours actuel sous la forme d'une fable très incisive et dramatique afin d'attirer l'attention des spectateurs par le choc du propos et de l'image. Le sujet est donc absolument parfait et la persuasion est au rendez-vous. Toutefois, certains trouveront que cette œuvre comporte le défaut d'être amenée d'une façon très caricaturale et théâtrale. Pourquoi pas, mais c'est tout de même grâce à l'outrance de la situation que ce film démontre son efficacité car cette réalisation réussit à interpeller le public et à faire débat. Isabelle Adjani se révèle une nouvelle fois comme une très grande actrice dramatique dans son rôle de femme esseulée, emportée dans son désespoir par une réaction extrême afin de tenter de prouver que sa vie aura enfin eu un sens.
C'est donc un film très utile, un film qui amène une pierre à l'édifice de celles et ceux qui avaient espoir de porter en "ZEP" et même ailleurs, l'enseignement, la culture et fédérer par ce biais beaucoup de jeunes issus de milieux souvent défavorisés. Certains ne pensaient certainement pas que cet engagement les mènerait dans un calvaire quotidien poussant certains à des actes de désespoir et d'autres à subir une fin dramatique et ignoble indigne d'une société civilisée
Alors oublions les petits défauts du film et restons à l'essentiel.
Critique modifiée le 20 octobre 2020.