La La Land s'ouvre sur une scène qui, dès les premières notes, nous plonge dans un ballet étourdissant entre rêve et réalité. Cette dualité, fil rouge de tout le récit, s’étend comme un pont suspendu entre deux mondes : un monde plus onirique, celui des rêves, et celui plus brut du monde réel et des choix qu’il implique.
Le réel, dans cette histoire, n’est jamais complètement hermétique. Il se fissure, s'efface parfois, pour laisser jaillir des éclats de magie, des moments suspendus. Les soirées, les rencontres, ces instants volés où le bonheur illumine brièvement les visages des personnages, s'apparentent à des bulles de rêve éveillé. La séquence d’ouverture, "Another Day of Sun", illustre à merveille ce va-et-vient entre l'imaginaire et le tangible. En plein embouteillage, un orchestre jaillit d’un camion. L’espace d’un instant, tout semble possible. Puis, dans un claquement de portière brusque, la réalité nous rattrape, bruyante, chaotique, à coups de klaxons et de moteurs grondants.
Les scènes du planétarium, où les personnages s’envolent littéralement vers les étoiles, ou encore la sublime scène finale, continuent d’explorer cette frontière poreuse entre ce que l’on rêve et ce que l’on vit. Dans cet espace flottant, où tout semble possible, l’amour de Sebastian et Mia prend racine. Un amour magnifié par le rêve, mais qui ne peut pourtant échapper à la réalité.
Et c’est là que La La Land nous prend par surprise. La fin n’est ni triste, ni triomphante. Tout est une question de point de vue. Elle est, pour son réalisateur Damien Chazelle, profondément romantique. Une romance qui ne s'enferme pas dans les clichés du bonheur parfait, mais qui explore les choix, les renoncements, et la beauté de ces chemins qui se séparent. C’est une histoire de deux âmes qui se sont nourries l’une de l’autre, qui ont grandi ensemble, pour ensuite s’éloigner. Et dans ce déchirement, il y a une douceur, une mélancolie presque lumineuse, celle d’avoir osé rêver, d’avoir touché du doigt l’infini, même si, au bout du compte, on retombe sur terre.
Une fin qui fait de La La Land une comédie musicale si particulière, où le rêve et la réalité dansent ensemble, sans jamais s’accorder totalement, mais toujours avec une grâce infinie.