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Critiquer un de ses films préférés, c’est toujours un défi. Comment mettre en mots ce que l’on ressent face à une œuvre qui bouleverse, choque, et marque à jamais ? Se7en, pour moi, a été un électrochoc. Un de ces films qui vous happent et dont on ne ressort pas indemne.


L’ambiance, d’abord. Elle s’impose comme un personnage à part entière. Sombre, oppressante, désespérée... Elle traverse toute la filmographie de David Fincher, mais trouve dans Se7en sa plus parfaite incarnation. Ici, la ville est un cauchemar : une pluie incessante, un ciel d’acier, des métros qui vibrent dans les murs des appartements. Un décor sans espoir, où l’idée même d’élever un enfant semble insensée. Cet enfer urbain devient le reflet des visions déformées de John Doe, un tueur méticuleux et glaçant, et le théâtre de sa croisade démente.


Dès les premiers instants, le destin des personnages est scellé, mais ils l’ignorent encore. L’inspecteur Mills, avec son idéalisme et sa fougue, ne fait qu’ajouter la touche finale à l’œuvre perverse de John Doe. Le pessimisme omniprésent du film trouve son écho dans l’idéologie brutale de ce dernier, révélant un monde gangréné par le péché et l’indifférence.


La scène finale est, à elle seule, un chef-d’œuvre. Unique séquence en plein jour, elle éclaire littéralement la vérité : personne n’échappe au péché. John Doe, impitoyable et méthodique, punit ses victimes, se rend coupable à son tour, puis succombe à la vengeance d’un autre. Une boucle infernale, impeccablement construite. Somerset, le vétéran désabusé, conclut le film ainsi :

Ernest Hemingway once wrote, “The world is a fine place and worth fighting for.” I agree with the second part.

Pour Somerset, ce monde n’est ni beau ni juste, mais il mérite qu’on se batte pour le rendre meilleur. Un combat que chaque protagoniste mène à sa manière, John Doe inclus, dans une version extrême et monstrueuse. Ce dernier révèle une vérité dérangeante : le mal sommeille en chacun de nous, même en Mills, le plus optimiste de tous. Le piège du péché finit par se refermer sur lui aussi, prouvant que personne n’est épargné.


Tout cela fait de Se7en bien plus qu’un simple thriller. C’est une œuvre magistrale, où la tension ne faiblit jamais. Fincher livre une démonstration de son talent : un montage chirurgical, des mouvements de caméra calculés, des choix de couleurs et de lumière qui amplifient chaque émotion. La caméra, tantôt stable pour capturer le contrôle glacial de John Doe, tantôt nerveuse pour refléter la chute inexorable de Mills, devient une extension de l’histoire.


Bien qu’il ne soit que le deuxième film de Fincher, après l’expérience chaotique d’Alien³, Se7en s’impose déjà comme l'une de ses œuvres cultes. Un sommet qu’il revisitera sous d’autres formes dans sa carrière sans jamais l’égaler. Un monument du cinéma, un modèle indépassable du genre.

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le 8 nov. 2014

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AntoineMrt

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