Il est toujours compliqué de critiquer l'un de ses films préférés car il est difficile de retranscrire par écrit les sensations ressenties durant le visionnage. Seven a été pour moi un choc. Le genre de film dont on ne ressort pas indemne.
Le premier élément marquant est l'ambiance. Sombre, violente, pessimiste...elle est présente dans toute la filmographie de Fincher mais c'est bien dans son second film qu'elle atteint son apogée. Dans la ville de Seven la pluie ne cesse de tomber, le ciel est toujours gris, le métro fait trembler les appartements et on ne veut pas y faire grandir son enfant. Un véritable enfer.
La ville ou se déroule l'intrigue de Seven représente la vision du monde du tueur, John Doe, et sera le théâtre de sa croisade meurtrière. Les personnages sont condamnés dès le début mais ils ne le savent pas encore et l'inspecteur Mills arrivant plein d'espoir, apportera la touche finale à l'oeuvre de John Doe. Une œuvre violente et pessimiste à l'image du film.
La scène finale est un modèle du genre. Elle est la seule se déroulant en plein jour, et c'est là que la vérité éclate. Le péché est en chacun de nous. John Doe l'assumera totalement. Il punira ses victimes, péchera à son tour et finira victime d'un péché. La boucle est bouclée.
Même l'inspecteur Somerset le reconnaîtra à travers une citation d'Ernest Hemingway:
Ernest Hemingway once wrote, "The world is a fine place and worth fighting for." I agree with the second part.
Pour lui, le monde n'est pas beau, ni bon mais il vaut la peine qu'on se batte pour le rendre meilleur. C'est ce que font tous les protagonistes du film, John Doe représentant le côté le plus extrême de ce combat. Il n'a fait que révéler au grand jour le côté sombre qui sommeille en chacun de nous, même Mills qui était le personnage le plus optimiste depuis le début. La preuve que chacun de nous est capable de pécher.
C'est ce qui fait de Seven un chef d'œuvre qui a marqué le cinéma et plus particulièrement le genre du thriller. La tension est permanente. Le film est maîtrisé de bout en bout et la fin, exceptionnelle, en est la conclusion logique malgré son pessimisme. Fincher y démontre tout son talent grâce au montage, aux couleurs et aux mouvements de caméra. En effet, elle est stable pour montrer John Doe, représentant ainsi sa maîtrise et son contrôle, et instable lorsqu'il s'agit de filmer Mills, représentant ainsi son bouleversement et sa descente aux enfers.
Seven, bien qu'étant le deuxième film de son réalisateur (après l'expérience compliquée d'Alien³) est pour moi le plus aboutit et le plus marquant. Fincher réalisera ensuite de nombreux autres chefs d'œuvre et continuera d'explorer la noirceur de l'âme humaine sans toutefois égaler Seven. Un monument du cinéma.