Amy pour la vie
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En 2010, avec The Social Network, David Fincher amorce un tournant radical dans son style cinématographique. Si ce changement se fait sentir dès Zodiac en 2007, il s’affirme pleinement avec ce film et se prolonge dans The Girl with the Dragon Tattoo (2011) ainsi que dans la série House of Cards (2013), pour laquelle il réalise les deux premiers épisodes tout en étant producteur. C’est également en 2010 que débute sa collaboration avec Trent Reznor et Atticus Ross, compositeurs dont les partitions électro minimalistes subliment l’atmosphère visuelle précise et méticuleuse qui définit désormais son œuvre.
Gone Girl incarne à la perfection cette évolution stylistique. À travers une mise en scène froide et clinique, des thématiques sombres et un regard incisif sur la nature humaine, Fincher démontre à nouveau son talent pour explorer les abysses de l’âme.
Adapté du roman de Gillian Flynn, Gone Girl est une critique acerbe de la société et de l’institution du mariage. Sous ses airs de thriller, le film dévoile un tableau profondément pessimiste. Le couple formé par Amy et Nick, parfait en apparence, cache un mal insidieux. Leur mariage est une façade, un naufrage que ni l’un ni l’autre ne veut reconnaître, jusqu’à la disparition d’Amy.
Cette disparition devient le point de départ d’une manipulation magistrale, l’une des marques de fabrique de Fincher. Comme dans Fight Club, le réalisateur brouille les pistes, jouant avec les attentes du spectateur et la perception de la vérité. Ici, la manipulation opère à deux niveaux : celle de Fincher, qui maîtrise la narration et piège le public, et celle d’Amy, qui construit un récit trompeur à travers son journal. Dans cette mise en abîme, Nick et le spectateur deviennent les marionnettes d’un jeu où tout n’est qu’apparence.
Le rôle des médias, omniprésents dans l’œuvre de Fincher, trouve dans Gone Girl un écho particulier. Que ce soit Robert Graysmith, dessinateur pour le San Francisco Chronicle dans Zodiac, Mikael Blomkvist, journaliste dans The Girl with the Dragon Tattoo, ou encore les dynamiques entre presse et politique dans House of Cards, Fincher scrute les interactions complexes entre vérité, pouvoir et storytelling. Dans Gone Girl, la télévision devient l’arène où se joue l’opinion publique. La vérité importe moins que l’image, et les médias façonnent le récit à leur guise, influençant la perception de Nick, coupable idéal dans la disparition supposée de sa femme.
Mais même lorsque la vérité éclate – Amy n’est pas morte, Nick est innocent – le pessimisme de Fincher ne faiblit pas. Amy gagne la partie, enceinte et manipulatrice, elle enferme Nick dans une prison conjugale dont il ne pourra jamais s’échapper. Cette fin, aussi glaçante qu’inéluctable, scelle le sort des personnages et renforce le message du film : dans l’univers de Fincher, la victoire n’est qu’une illusion, et l’humanité se débat dans un jeu où personne ne sort indemne.
Gone Girl n’est pas qu’un simple thriller ; c’est une exploration méthodique de la complexité des relations humaines, un miroir cruel tendu à une société obsédée par l’apparence. Une pièce maîtresse dans la carrière de Fincher, et un incontournable du cinéma contemporain.
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le 13 nov. 2014
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