La La Land ne trainera pas à envouter, les premières notes sonnent comme une invitation immédiate à s’immerger dans un monde d’extravagance et de fantaisie où les gens dansent, chantent, rient... et vivent tout simplement. Plus qu’un simple revival de l’âge d’or Hollywoodien, le film saisit la juste portée de la comédie musicale et s’en affranchi comme d’une allégorie de l’American dream. La cité des anges n’aura jamais si bien portée son nom, véritable théâtre de rêves à ciel ouvert, elle se dessine comme un lieu onirique où les plus grands fantasmes de cinéma deviennent possibles.
En son sein, une love story douce-amère entre deux artistes à la poursuite de leur rêve de succès. Un grand couple de cinéma est né, Emma et Ryan se rendent pas pour pas et mot pour mot dans des scènes parfaitement chorégraphiées dans lesquelles ils ne manquent pas de briller par leur alchimie. Ni chanteurs, ni danseurs de profession, ils compensent et séduisent par leur authenticité contrastant par la même avec le monde factice dans lequel ils évoluent. Ryan amuse et surprends piano en main, tandis qu’Emma n’aura jamais été aussi belle, naturelle, expressive, et en attendant une statuette, décroche mon cœur et les étoiles.
Découpé en saisons, d’été à hiver, le film perds peu à peu de ses couleurs pastels à l’image de ce couple qui au fil des épreuves se voit tirailler entre l’amour qu’il se porte et le besoin d’accomplissement personnel, comme si ce Los Angeles rêveur et rêvé devenait au fil du temps réalité. Le travail d’éclairage est d’ailleurs formidable, faisant de la lumière un vecteur essentiel pour les aller retours entre scènes musicales et narratives. Loin de toute niaiserie, le film porte un regard lucide et sincère sur le monde qu’il décrit. Auditions ratées d’un côté, boulot de claviériste ingrat de l’autre, le film n’en oublie pas de glisser une satire amusante d’Hollywood en sous texte, avec le sens de la dérision qu'il convient.
Peut-on être révolutionnaire tout en restant traditionnel ? Le film nous pose littéralement cette question, mais « pisi kaka », là n’est pas le plus important. Damien Chazelle joue sa partition et nous donne le contexte pour en apprécier la valeur. Car comme le dit si bien Emma « People love what other people are passionate about ».
Si Whiplash s’achevait par une victoire au goût amer, La la land se termine par un échec sentimental qui laisse néanmoins une agréable sensation. Une leçon sur la force des rêves, eux qui ne peuvent être réalisés sans sacrifices, et il n’y a point de folie mais de la bravoure dans leur poursuite. Pour reprendre les mots du réalisateur, La La Land est « une comédie musicale joyeuse mais avec un fond de mélancolie et de regret ».