La La Land renoue avec les comédies musicales d'antan tout en s'adaptant à notre époque. C'est vrai que le nouveau film de Damien Chazelle fait rêver, de par sa liberté sans failles d'imagination et l'ampleur rocambolesque que prend cette histoire d'amour au rythme des saisons. Machine à récompenses par excellence (il a remporté tous les Golden Globes où il était nominé et 14 nominations aux Oscars), j'ai eu peur du trop plein d'efficacité et de la sur-performance des acteurs et dès la scène d'introduction, chantée et très mouvementée, je me suis dit que ça n'allait pas le faire tellement ça m'a paru kitsch. Mais l'histoire, bien que totalement anodine, nous emporte et nous fascine. Le traitement de cette histoire d'amour naissante sort de l'ordinaire et devient tout d'un coup extraordinaire par un brin d'excentricité et une touche colorée nostalgique. Moi qui ne suis pas très "je bois mon café et j'ai envie soudainement de chanteeeer !", je dois avouer qu'on passe outre et qu'on rêve avec les personnages ! Et je pense que c'est pour ça que le La La Land a un tel succès ; il représente tout ce dont on a besoin au plus profond de nous en cette période transitionnelle étrange où règnent incompréhension et sidération, de l'amour mis sur un piédestal, le souvenir des temps glorieux qui se calquent sur notre présent et surtout le droit de rêver, d'espérer, d'y arriver, de profiter de l'instant présent sans manquer les occasions qui chambouleraient toute notre vie... C'est juste beau, magnifique et c'est extrêmement jouissif et divertissant. Les deux acteurs Ryan Gosling et Emma Stone nous transpercent par leur jeu naïf et touchant. Savoir que Ryan Gosling n'a pas été doublé pour les scènes de piano est totalement bluffant et admirable ! Alors oui, il y a des clichés qui sont réducteurs comme la représentation du métier de comédien et ses fameux castings ou encore la ritournelle désormais habituelle d'une histoire d'amour éphémère mais le contexte esthétique est si bien dessiné qu'on s'en fiche même si la fin se veut à la fois très clichée sur le rôle que revêt l'homme et la femme mais surprenante par son traitement sur les occasions manquées ! Les nombreux plan séquence sont impressionnants et esthétiquement riche et réussis, capturant gestes et expressions avec grâce. En fait, c'est un film qui parle d'un sujet simple et anodin, qu'on a déjà vu traité des centaines de fois depuis que le cinéma existe, mais il y a véritablement une touche de magie qui vous galvanise, qui fait énormément de bien et même qui vous rend mélancolique avec le petit air de musique qui vous poursuit bien après la séance... Je peux pas me le sortir de la tête, j'écoute la chanson en boucle. Pour résumer, il y a une phrase que dit le personnage d'Emma Stone de façon très furtive ; le métier d'artiste sert aux gens "à se rappeler ce qu'ils ont oublié" et je pense que c'est exactement l'effet que produit La La Land sur nous...